La Ronde des Ménestrels
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 [Chroniques d'Atys] Nouvelle

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Osquallo
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MessageSujet: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeMar 8 Jan - 14:24

Le Kami des âmes perdues - première partie
La pluie redoubla de violence, et des éclairs illuminèrent le ciel crépusculaire. Lipsen courut vers la tente la plus proche pour se mettre à l'abri. Elle souleva le lourd rideau de cuir qui protégeait l'entrée. Comme elle s'y attendait, l'intérieur était vide, à l'exception d'une minuscule cage à feu. Les occupants, quels qu'ils soient, avaient depuis longtemps déserté les lieux. Le campement abandonné ressemblait à un village fantôme. La jeune Tryker frissonna.
Elle posa son fusil boomer et son sac de chasse contre l'un des arceaux de bois, puis nettoya rapidement la cage pour y allumer un feu vacillant. Une chaleur apaisante se répandit dans la yourte. Lipsen retira son armure tashok et se détendit. Elle remercia silencieusement la Déesse de lui accorder ce refuge. Au dehors, le grondement de l'orage roulait comme un tambour de guerre. Les ombres jetées par les maigres flammes du foyer semblaient danser au rythme de la pluie qui martelait la tente, furieuse de ne pas être invitée à entrer. Lipsen sortit de son sac un morceau de poisson séché et le mâchonna distraitement. Son regard doré était perdu dans le vide, tandis qu'elle songeait à la raison de sa présence dans la forêt du Nexus.
Lipsen Be'Laury avait bravé maints dangers pour rencontrer le chef de la Kuilde. Les gardes de la tribu avaient été surpris de voir arriver une jeune chasseuse tryker, portant la dépouille d'un torbak aux portes de leur camp. Un cadeau à l'intention de Mithus Xalon, avait-elle dit fièrement. Elle voulait rejoindre les rangs de la Kuilde, afin de servir la déesse Jena et ses disciples de la Karavan. Les gardes avaient ricané devant l'audace de cette petite homine. Pour qui se prenait-elle ? Devenir un membre de la tribu était un honneur, un privilège accordé à peu de personnes. Mais Hiang Sai-Ju, l'hôte d'accueil, s'était avancé et avait souhaité la bienvenue à Lipsen. Tous les homins désireux de servir la déesse devaient être accueillis avec chaleur. Il suggéra de laisser le torbak aux soins du dépeceur tribal, puis proposa d'accompagner la jeune femme jusqu'à la tente du chef.
Lipsen suivit Hiang Sai-Ju, passant dans l'ombre du vaisseau de métal qui survolait le camp. Les rayons verts d'un signal karavan balayaient les alentours. Une certaine fébrilité semblait régner dans le village. Hiang Sai-Ju expliqua que la Kuilde était en guerre contre la tribu des Recycleurs, des adorateurs des Kamis. Les Recycleurs avaient attaqué le camp la nuit précédente, et ils s'étaient emparés de précieux objets sacrés. Nul doute qu'ils allaient les détruire, en sacrifice à leurs maîtres démoniaques. Il fallait à tout prix les récupérer.
Lipsen se retrouva finalement devant Mithus Xalon. Le chef de la Kuilde était un grand Fyros au visage impassible. Il toisa la jeune Tryker des pieds à la tête, et sous son regard scrutateur, Lipsen se sentit rougir jusqu'à la racine de ses cheveux blonds.
- Ainsi, tu veux rejoindre les rangs de la Kuilde ? Pour quelle raison ?
- Votre tribu rassemble les plus puissants agents de la Karavan. Votre foi en Jena est inébranlable. Mon grand-père était des vôtres, alors que votre influence rayonnait sur toutes les terres anciennes. Il est mort comme beaucoup d'autres, sous les dards des kitins, lors du Grand Essaim. Je veux retrouver mon héritage et honorer la mémoire de mon aïeul. Je veux servir la Déesse.
- Qu'as-tu à apporter à la tribu ? Tu me sembles bien jeune.
- Je suis une chasseuse expérimentée malgré mon jeune âge. Je piste toute sorte de gibier, des placides armas aux bodocs ombrageux. Je traque les prédateurs. Je suis capable d'imiter les cris de nombreux animaux, et je connais l'art du camouflage. Je chasserai pour la tribu. Je combattrai vos ennemis.
- Tu sembles courageuse et décidée. Mais ce ne sont que des mots. Tu dois faire tes preuves, Lipsen Be'Laury.
- Je suis prête, que dois-je faire ?
- Durant une saison, tu vivras dans les forêts du Nexus. Si tu es une chasseuse, la nature te fournira tout ce dont tu as besoin. Tu ne dormiras pas parmi nous, mais tu seras au service de la Kuilde. Hiang
Sai-Ju te confiera des tâches à accomplir. Mène-les à bien, et je réfléchirai à ta présence au sein de notre tribu. Suis la voie de la Lumière pour être digne de la Déesse.
Lipsen eut une moue de déception, qu'elle dissimula rapidement en s'inclinant devant Mithus Xalon. Toute une saison d'attente !
- Je ferai selon vos désirs. Et je vous prouverai que je suis des vôtres.
Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis l'entretien avec le chef de la Kuilde. Lipsen avait accompli de nombreuses missions pour Hiang Sai-Ju. Elle avait exploré tout le nord de la région. Elle avait chassé pour leur viande l'arma, le yelk, et même le bolobi. Elle avait dû se défendre contre les cuttlers, des carnivores dont le pelage rayé se fondait parmi les fougères. Elle avait soigneusement évité les bandits et les gibbaïs qui hantaient la forêt. Le Nexus était une contrée dangereuse pour le voyageur imprudent.
Elle avait dormi à la belle étoile, profitant de la douceur du début de l'automne. Lipsen n'avait pas peur de la solitude, mais elle appréciait tout de même ses courts séjours au camp de la Kuilde, quand elle venait remettre le produit de ses chasses. Hiang lui parlait alors des derniers événements. La tribu n'avait pas encore réussi à récupérer les reliques volées par les Recycleurs, malgré plusieurs tentatives. L'objectif des Recycleurs était de " purifier " le Nexus de l'influence de la Kuilde, au nom des Kamis et de leur maître Ma-Duk. Ces fanatiques avaient annoncé une grande cérémonie à la fin de l'automne, mettant au défi leurs ennemis de les empêcher de sacrifier les précieux objets. Lipsen était horrifiée par cette situation. Elle avait du mal à comprendre ces homins qui avaient juré fidélité aux Kamis. Les démons de la nature étaient des êtres retors, à l'aspect inquiétant, qui n'hésitaient pas à tuer sans remord les foreurs trop entreprenants. Elle avait rencontré l'un de ces esprits près de Fairhaven. La créature cornue avait tenté de la séduire par ses discours, mais la jeune Tryker ne s'y était pas laissée prendre. Lipsen s'était moqué du Kami, imitant sa voix hésitante et sa posture ridicule. Le démon n'avait pas réagi, retournant à sa contemplation muette d'une fleur qui se balançait sous la brise. Des êtres aussi inconstants ne pouvaient assurément pas prétendre diriger le destin des homins.
Lipsen commençait l'exploration de la zone sud du Nexus lorsque le temps avait commencé à se dégrader. Les premières averses firent bientôt place à des orages violents, et la jeune Tryker souhaita ardemment avoir terminé son initiation pour se trouver au sec dans une tente de la Kuilde. C'est alors qu'elle découvrit le campement abandonné. À croire que Jena avait eu pitié d'elle et avait fait surgir de l'Écorce un abri providentiel.
La jeune Tryker éternua bruyamment, faisant vaciller les flammes dans leur cage. Allons bon, se dit-elle, il ne manquerait plus que je tombe malade ! Il ne s'agissait pas de flancher. La pluie battait toujours les parois de cuir de la yourte. Lipsen se demanda qui avait pu installer un campement ici autrefois. Des explorateurs, des bandits, des contrebandiers ? Qu'est-ce qui les avait fait fuir ? Peut-être les kitins, qui avaient été longtemps très actifs dans la région Ces questions occupèrent l'esprit de Lipsen pendant quelques instants. Puis toute la fatigue accumulée pendant la journée sembla se déverser d'un coup, et elle réprima un bâillement. L'orage semblait s'éloigner. Épuisée, Lipsen s'étendit sur le sol de terre battue puis ferma les yeux. Elle avait bien mérité un peu de repos. Quelques minutes plus tard, elle dormait d'un sommeil léger mais réparateur.
Lipsen se réveilla en sursaut. Le feu s'était éteint. La pluie avait cessé, et des éclats de voix parvenaient à ses oreilles. Elle reconnut l'accent saccadé caractéristique des Zoraïs. Réprimant un éternuement, elle se glissa jusqu'à l'entrée de la tente et écarta doucement le rideau de cuir. Un groupe de Zoraïs était réuni autour d'un feu de camp. Éclairés par les flammes, ils ressemblaient à des spectres, avec leurs masques blafards et leurs grandes armures blanches en osier. Ils étaient chaussés de bottes cramoisies. Lipsen retint son souffle. Elle avait reconnu les couleurs des Recycleurs.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeMar 8 Jan - 14:43

Le Kami des âmes perdues - deuxième partie
Cachée à l'intérieur de la tente, Lipsen Be'Laury ne quittait pas le groupe de Recycleurs des yeux. La nuit était sombre, mais les grandes silhouettes des Zoraïs étaient parfaitement reconnaissables à la lueur du feu de camp. Leurs voix parvenaient jusqu'à la jeune Tryker. Ils utilisaient le langage commun des homins, comme toutes les tribus qui vivaient dans le Nexus.
-… s'attend à une nouvelle attaque de la Kuilde. C'est pourquoi Liangi Do-Vi est parti ce matin pour le campement de la Compagnie de l'arbre éternel. Il sera de retour demain. Il veut parlementer avec leurs chefs de guerre, afin de former une alliance contre les adeptes de la Karavan. Si ces fous osent se montrer, nos deux tribus les écraseront comme des larves d'insecte !
Les Zoraïs laissèrent échapper des rires sarcastiques. Lipsen crispa ses mains sur son fusil boomer en reniflant. Si ces malfaisants n'étaient pas si nombreux, elle leur aurait donné une bonne leçon d'humilité !
- J'ai entendu dire qu'un Grand Serviteur des Kamis assisterait à la cérémonie de Fallenor. Ce n'est pas tous les jours que des reliques de la Kuilde sont sacrifiées ! Ma-Duk sera satisfait. Puisse-t-il nous accorder ses bienfaits !
- Loué soit le Grand Géniteur, et maudit soit le nom de Jena, l'Impératrice de la nuit !
Les Recycleurs se frappèrent la poitrine et entamèrent un chant de guerre tout en installant une broche au-dessus du feu. Ils firent cuire un quartier de viande d'arma, puis se partagèrent les morceaux en bénissant les Kamis pour cette nourriture. Une gourde passa de main en main.
Lipsen sentit son ventre gargouiller. Le poisson séché n'avait pas calmé son appétit.
- Quelques baies sauvages agrémenteraient notre repas, proposa un Zoraï aux cheveux courts. Il y en a non loin d'ici.
- Bonne idée, Fa. Mais prends garde à ne pas faire de mauvaises rencontres, comme la dernière fois. On a bien cru que ce gnoof irritable allait te priver de tes précieux attributs ! Quelle tragédie pour la famille Gai-Guan et ses futurs héritiers !
Les autres Recycleurs ricanèrent. L'homin se leva en haussant les épaules puis examina les alentours. Il s'éloigna du feu, un bol à la main. Il s'arrêta non loin de la tente de Lipsen, scrutant les buissons.
La jeune Tryker laissa retomber le rideau. Elle resta aussi immobile qu'une souche, tendant l'oreille. Elle sentit la sève affluer à ses tempes, et tenta de calmer les battements de son coeur. Imagine que tu es à l'affût d'une proie, se dit-elle. Tu es habituée à ce genre de choses, ne panique pas !
Après un moment qui sembla interminable, le bruit des bottes du Recycleur sembla s'éloigner. Tout va bien, pensa Lipsen, la bonne fortune est toujours du côté des Trykers !
Mais le destin en avait décidé autrement.
Lipsen sentit une vague irrépressible lui chatouiller les narines. Elle avait l'impression d'avoir le nez dans un étau ! Incapable de se contenir, elle éternua. C'était trop bête ! Le Zoraï s'immobilisa. Il revint sur ses pas et s'arrêta devant la tente. Lipsen se maudit pour sa maladresse. Allait-elle mourir à cause d'un coup de froid ? Voilà qui n'était guère héroïque !
Le Recycleur héla ses compagnons. Deux d'entre eux se levèrent puis s'approchèrent, des pistolets tchaï à la main.
Les pensées de Lipsen tournaient à toute vitesse. L'image de la viande rôtissant au-dessus du feu, le poisson séché, les prières aux Kamis, les Zoraïs aux masques inquiétants se bousculèrent dans son
esprit. Comment allait-elle s'en sortir ? Une vieille légende de son peuple lui revint en mémoire. L'histoire du jeune Wiksie, le premier homin à rencontrer un Kami…
Sans plus réfléchir, Lipsen déglutit, puis laissa échapper une sorte de croassement aigu. Elle prononça quelques mots d'une voix déformée.
- Kami, faim !
Surpris, les Zoraïs s'immobilisèrent. Ils échangèrent des regards perplexes.
- Kami, faim ! vociféra Lipsen, d'un ton plus assuré. Homins, durs d'oreille vous semblez. Des baies sauvages, apportez-moi !
Pris de court, le Recycleur tenant le bol se dirigea vers un buisson et entreprit de cueillir rapidement quelques grappes de fruits rouges. Les autres Zoraïs hésitaient. L'un d'eux finit par prendre l'initiative.
- Ô vénéré Kami, quelle sorte d'esprit es-tu ? demanda-t-il d'un ton prudent.
- Le Kami des âmes perdues, ainsi pouvez-vous me nommer. En ce lieu, de terribles choses sont arrivées. À l'abandon errent des âmes égarées. Avez-vous tout oublié, homins ?
Lipsen n'avait aucune idée précise de ce dont elle parlait. Mais les mots du prétendu Kami semblèrent évoquer des souvenirs précis chez les Recycleurs. Certains d'entre eux esquissèrent un signe sacré pour se prévenir du malheur.
Le Zoraï termina sa cueillette et revint près de la tente.
- Voici quelques baies, Ô esprit de Ma-Duk.
La jeune Tryker réfléchit quelques instants. Elle se remémora la légende de Wiksie, et un autre conte, zoraï celui-là, évoquant la conversion du peuple de la jungle aux préceptes illusoires des Kamis.
- Ces fruits de la nature, partagez-vous, finit-elle par répondre. Ainsi par votre foi, ma faim sera apaisée.
Ces paroles semblèrent lever les derniers doutes des Recycleurs. Ils s'agenouillèrent et mangèrent les baies, tout en louant la sagesse du Kami. Lipsen remercia Jena. Son stratagème semblait fonctionner ! Il s'agissait maintenant d'éloigner les Zoraïs avant qu'ils ne deviennent trop curieux et ne demandent à voir le fameux esprit.
- Ce lieu vous devez quitter à présent. En cet endroit, seules les âmes affligées peuvent s'établir. Mort et tourment pour les vivants ! Partez, partez !
Les homins se relevèrent puis rassemblèrent leurs affaires en silence. Ils jetèrent un dernier coup d'oeil à la tente et à son mystérieux occupant. Des gouttes de pluie se mirent à tomber, s'écrasant sur les masques blancs pour tracer des larmes sur ces visages impassibles. Un éclair illumina le camp abandonné. Comme obéissant à ce signe de la colère des Kamis, les Recycleurs disparurent dans la forêt.
Lipsen poussa un soupir de soulagement puis éclata de rire. Elle avait réussi à duper les ennemis de la Kuilde ! Mais mieux valait partir d'ici. S'esclaffant toujours en pensant au bon tour qu'elle avait joué, elle revêtit rapidement son armure, ajusta son sac de chasse et saisit son boomer. Elle souleva prudemment le rideau de cuir masquant l'entrée de la yourte. Les Zoraïs semblaient bel et bien partis. Lipsen sortit sous l'orage. Elle scruta les alentours, puis se mit en route vers le nord. Elle devait prévenir Mithus Xalon d'une alliance possible de ses ennemis.
Après avoir gravi une petite colline, elle se retourna pour contempler le campement désert. Son regard s'arrêta sur la silhouette des tentes qui ruisselaient de pluie.
Lipsen sourit à nouveau. Elle venait d'avoir une idée.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeMar 8 Jan - 14:44

Le Kami des âmes perdues - troisième partie et fin
Mithus Xalon plissa les yeux. Il réfléchissait. Son visage avait une teinte bleutée, coloré par le cube lumineux qui éclairait l'intérieur de la tente. Aux yeux de Lipsen, le chef de la Kuilde évoquait presque un gardien de la Karavan, un être tout de puissance retenue. Assise en face de lui, la jeune Tryker avait du mal à cacher son anxiété. Le Fyros l'impressionnait.
- Ton plan est audacieux et plutôt… inhabituel. Mais il peut réussir. Et l'enjeu est trop important pour que je me rende coupable d'un excès de prudence.
Lipsen sentit une immense fierté l'envahir. Elle allait montrer à toute la tribu ce dont elle était capable !
- Penses-tu pouvoir y arriver seule ? demanda Xalon tout en se levant.
- Oui. Une armée de guerriers ne me serait d'aucune aide.
Lipsen se mit debout. Bien qu'elle soit plus petite que le Fyros, elle éprouvait tant d'assurance qu'elle avait l'impression de pouvoir atteindre la canopée !
- Ce n'est pas à cela que je pensais, répondit le chef de la Kuilde tout en ouvrant un coffret de bois sculpté. La bénédiction de la Déesse est un soutien que l'on ne saurait refuser.
Le chef de la Kuilde tendit un petit objet à la jeune chasseuse. Un cristal aux formes arrondies, transparent comme l'eau des lacs d'Aeden Aqueous, qui renvoyait des reflets irisés.
- C'est un pacte de téléportation. Brise le cristal, et tu seras transporté en lieu sûr.
Lipsen s'inclina devant le Fyros. Elle le remercia respectueusement.
- Je dois maintenant préparer les combattants de la tribu, au cas où la Compagnie de l'Arbre Éternel décide de prêter main-forte aux Recycleurs. Que la Lumière éclaire la voie périlleuse que tu as choisie, enfant de Jena.
En cette fin d'après-midi, les rayons du soleil avaient du mal à percer les nuages. Lipsen quitta le village, emportant avec elle un grand sac qui contenait tout ce dont elle avait besoin. Elle devait se hâter pour atteindre le campement abandonné avant la tombée de la nuit.
La lune trônait au beau milieu du ciel lorsque le Zoraï aperçut les premières tentes. Une bruine légère déposait des gouttelettes sur son armure tan-ko telle une rosée nocturne. Le Recycleur pénétra dans le camp. Il sortit de son sac le vase d'ambre qu'il avait pris au pied des stèles de sacrifice et s'approcha de la yourte d'un pas hésitant.
- Vénéré Kami des âmes perdues, je t'apporte en offrande cet objet, afin qu'il soit rendu à la nature comme le veulent nos coutumes.
Il déposa le vase devant l'entrée de la tente. Quelques minutes s'écoulèrent. Enhardi, l'homin se pencha vers le rideau de cuir pour le soulever.
Soudain, une main à l'aspect végétal jaillit de l'intérieur de la yourte pour s'emparer prestement de l'offrande. Le Recycleur bondit en arrière en poussant un cri de surprise.
- Par ce sacrifice, la faveur des esprits tu recevras. Des Kamis, ton nom est connu, Fa Gai-Guan !
Le Zoraï reconnut la voix étrange du Kami des âmes perdues. Il tomba à genoux puis se prosterna face contre terre.
- Gloire à Ma-Duk, gloire à ses Disciples !
- Tu as la foi, une mission sacrée tu es digne d'accomplir. L'accepteras-tu ?
Fa Gai-Guan releva la tête. Il mit sa main sur sa poitrine et parla d'une voix claire.
- Oui ! Je suis à ton service, Ô Gardien d'Atys !
- Un plus grand sacrifice, les âmes tourmentées réclament. Alors seulement, le repos leur sera accordé. Des reliques impies par ta tribu sont détenues. Que Liangi Do-Vi, chef des Recycleurs, les apporte ici avant l'aube. Mon messager tu seras, Fa Gai-Guan ! Hâte-toi !
L'homin sauta sur ses pieds puis fila comme le vent vers le nord-est. Il semblait habité d'une brûlante ferveur, et rien n'aurait pu l'arrêter dans sa course.
Lipsen rangea le vase d'ambre dans son sac. Tout avait marché comme prévu. Elle retira précautionneusement ses gants tashok. Le camouflage fait de mousse et de brindilles avait donné le change au Zoraï. Elle avait maintenant quelques heures pour parfaire son déguisement. La jeune Tryker se mit au travail avec fébrilité.
L'obscurité guettait encore les premiers assauts du soleil lorsque les Recycleurs se présentèrent au campement. Ils étaient venus nombreux, guidés par Fa Gai-Guan. Au milieu des guerriers de la tribu marchait Liangi Do-Vi. Sa tête chauve ressemblait à un crâne menaçant décoré de peintures mortuaires. Il brandissait une imposante masse kanka. Deux homins le suivaient de près, chacun portant un panier fermé en osier.
Les Zoraïs se rassemblèrent devant la yourte. Fa Gai-Guan s'agenouilla et prit la parole.
- Ta volonté a été accomplie, Ô Kami des âmes perdues ! En cette nuit se tient devant toi le puissant Liangi Do-Vi, guide suprême de notre tribu. Loué soit son nom !
Le chef des Recycleurs s'avança.
- Esprit de la nature, accorde-nous le privilège de poser les yeux sur toi. Ainsi nos coeurs seront-ils remplis de ta présence.
Il parlait d'une voix calme et posée. Son attitude prudente contrastait avec l'exaltation mystique de Fa Gai-Guan.
Le moment de vérité était arrivé.
Une forme bondit hors de la tente. Les Zoraïs reculèrent. Malgré sa petite taille, le Kami des âmes perdues avait une apparence impressionnante. Il se tenait accroupi, à la manière des esprits salamandres du désert. Son corps moussu était hérissé de branchages. Sa tête ressemblait à celle d'un poisson nageant dans des océans forestiers. De grandes fougères aux couleurs de l'automne ornaient son dos telles des ailes sylvestres.
- Sage as-tu été, d'avoir entendu mon appel, s'exclama le Kami d'une voix aiguë. Un sacrifice, les âmes perdues exigent ! Les objets pris à nos ennemis, les as-tu apportés ?
Les deux porteurs de paniers posèrent au sol leur précieux chargement.
- Voici les reliques de la Kuilde. À leur aspect, il n'y a aucun doute qu'elles soient d'origine Karavan.
Les Recycleurs exhibèrent deux cubes métalliques ornés d'étranges inscriptions.
- Ces choses sacrilèges, à la nature seront rendues. Ainsi par cette offrande, les homins qui ont péri ici pourront reprendre leur long chemin vers la félicité de Ma-Duk !
Les premières lueurs de l'aube apparurent. Le Kami accompagna ses paroles de signes étranges connus de lui seul.
- Maintenant, partir vous devez. Des vivants, les morts n'apprécient guère la compagnie. Par le Grand Géniteur, soyez bénis !
Liangi Do-Vi posa la main sur l'un des cubes.
- Ô Gardien d'Atys, nous voudrions assister au sacrifice. En t'amenant ces reliques, n'avons-nous pas gagné ce privilège ?
Le Kami sembla surpris. Qui étaient ces homins pour contester sa volonté ?
Lipsen transpirait sous son heaume couvert de végétation. Il fallait qu'elle se tire de cette situation.
Elle décida de tenter l'intimidation.
- Pour ce que vous avez accompli, récompensés vous serez. Mais en ma seule présence, l'offrande doit être faite. Ainsi l'exigent les esprits de ce lieu !
Les Recycleurs se regardèrent, inquiets. Mais leur chef ne se démonta pas.
- Nous avons toujours servi fidèlement le Grand Géniteur. La sève de ma tribu a été versée pour obtenir ces reliques. Nous méritons d'être présents. Nous ne craignons ni les morts, ni les vivants !
Le Kami resta silencieux. Il semblait réfléchir.
- De loyaux serviteurs, vous vous êtes montrés, finit-il par répondre. Cette faveur, je consens à vous accorder. Écartez-vous, homins ! s'écria-t-il en agitant les bras.
Les Zoraïs firent quelques pas en arrière. Le Kami s'approcha des cubes et marmonna des paroles incompréhensibles. Dans sa main droite brillait des particules cristallines, scintillant des couleurs de l'arc-en-ciel.
Liangi Do-Vi se crispa. Il avait déjà vu de semblables reflets dans les mains des adeptes de la Karavan. Instinctivement, il se précipita vers les reliques.
Trop tard. Serrant contre lui les objets sacrés, le Kami des âmes perdues disparut dans un rire clair comme le matin qui s'annonçait.
Lipsen Be'Laury fut invitée à rejoindre la Kuilde à la fin de l'automne. Elle devint la plus grande chasseuse de la tribu.
Elle arpente aujourd'hui le nord des forêts du Nexus, traquant les bêtes sauvages pour nourrir son clan. Elle évite de s'aventurer vers le sud, et n'est jamais retournée au campement abandonné.
Peut-être par crainte de rencontrer le vrai Kami des âmes perdues…
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeMar 8 Jan - 14:47

Dans la lumière de Jena - première partie
Le sang s'écoulait de la blessure profonde d'Ameriana. Un sang vermeil, qui colorait l'Écorce d'un tatouage funeste. Mais la jeune Matis n'en avait cure. Elle ne sentait pas la douleur. L'énergie d'Atys crépitait dans ses mains. La sève affluait dans son corps tout entier, tandis qu'elle se concentrait pour canaliser des forces magiques destructrices. Pour la première fois, elle livrait bataille au nom de Jena. Et dans ses yeux dorés brillait la lumière de la Déesse.
Ameriana avait longtemps attendu ce jour. Depuis son arrivée à Yrkanis, la capitale du royaume matis, elle guettait des signes. Des signes de Jena, déesse du soleil, mère d'Atys et de tous les homins. Elle avait en vain cherché un temple où se recueillir. Les Élus de la sainte Karavan avaient tenté de dissiper ses doutes, sans vraiment y parvenir.
Car la flamme de la foi vacillait au plus profond de son coeur. Tant d'homins avaient déjà rejeté les enseignements de la Déesse ! Les barbares fyros, qui creusaient l'Écorce malgré les avertissements de la Karavan, à la recherche du Dragon qu'ils pensaient vaincre dans leur folie. Les mystérieux Zoraïs, qui se cachaient derrière leurs masques pour adorer les Kamis démoniaques. De nombreux Trykers, qui s'égaraient au nom de la liberté dans des chemins illusoires. Même parmi les Matis, peuple noble, fidèle parmi les fidèles, se répandaient à présent des discours séditieux, appelant au rejet des puissances qui les avaient guidés jusqu'ici. L'imminence d'une guerre sacrée effrayait les homins, et beaucoup préféraient nier l'évidence plutôt que d'affronter la réalité.
Pourtant, Ameriana avait refusé de tourner le dos à la Mère d'Atys. Elle avait seulement besoin d'être confortée dans sa foi.
Aussi, lorsque qu'un porte-parole de la Karavan avait annoncé la construction d'un temple à la gloire de Jena, la magicienne avait ressenti un immense soulagement. Enfin, un signe de la Déesse ! Le temps était venu pour les fidèles de se rassembler. Ameriana s'était rendue avec empressement sur le site choisi non loin d'Yrkanis pour proposer son aide. Peu importe la mission qu'elle aurait à accomplir, elle serait honorée de l'accepter. Un combattant karavanier vêtu de noir lui avait alors confiée la tâche de protéger les récolteurs. Ces derniers étaient chargés de rassembler les matières premières nécessaires aux artisans. Les précieuses ressources avaient été localisées sur de lointains îlots des terres anciennes, mais la distance n'était pas un problème grâce aux pouvoirs des Technosages. Ameriana avait donc été téléportée au coeur des Dunes d'Aelius, dans un camp établi à proximité des gisements.
L'endroit était animé d'une intense activité. Des barrières crépitant d'une énergie inconnue protégeaient les installations. De grandes colonnes de métal se dressaient telles des tours de garde, entourées d'un halo de lumière. Plusieurs vaisseaux de la Karavan flottaient au-dessus des baraquements, silhouettes rassurantes se découpant dans le soleil de fin d'après-midi. Des soldats armés de piques patrouillaient afin de prévenir toute attaque. Des groupes de fidèles s'organisaient pour former des expéditions. La jeune Matis avait été tentée de rejoindre l'un d'entre eux, mais elle avait finalement décidé d'explorer un peu l'île. Elle avait quitté le campement pour s'aventurer à l'ouest, suivant la falaise qui bordait la région.
Un vent aride avait commencé à souffler, sculptant la sciure des dunes de ses courants brûlants. Il portait avec lui des bruits de combat. Ameriana regarda au loin et aperçut des lumières. Des silhouettes couraient en tout sens. Les récolteurs et leurs protecteurs étaient sous le coup d'une attaque ennemie ! Des Fyros kamistes tentaient de piller les gisements pour le compte de leurs maîtres. Singeant la Karavan, les Kamis avaient en effet décidé de bâtir des parodies de sanctuaires en l'honneur de leur chef. Ameriana s'était alors lancée dans la bataille sans réfléchir, animée par une volonté farouche de défendre la cause de la Déesse.
La magicienne parvint au bout de son incantation malgré les coups portés par son assaillant. Le Fyros à la chevelure hirsute hurla de douleur quand des nuées acides le touchèrent de plein fouet, dévorant ses chairs avec avidité. Malgré la blessure sérieuse qu'il avait infligée à la jeune Matis, il comprit qu'il avait perdu l'avantage de la surprise. Ameriana perçut son hésitation et invoqua à nouveau les éléments. Le barbare brandit sa hache cleven et tenta d'asséner un puissant coup de taille pour briser la concentration de son ennemie, mais il était trop tard. Amplifiée par les gants enveloppant les mains de la magicienne, l'énergie des profondeurs d'Atys se déversa sur lui. Il s'écroula dans un râle et sombra dans l'inconscience. Ameriana resta aux aguets, redoutant l'intervention d'un guérisseur kamiste. Mais bientôt, le corps du Fyros disparut. Les démons l'avaient emporté dans leur demeure infernale, afin de le ressusciter pour une nouvelle vie de servitude.
La jeune Matis regarda autour d'elle. Les partisans des Kamis semblaient battre en retraite. De nombreux homins gisaient encore au creux des dunes, témoignant de la violence des combats. Ameriana inspecta brièvement sa blessure. Le sang s'était finalement arrêté de couler. La magicienne remercia Jena de sa protection, et se soigna rapidement. Une grande fierté emplissait son coeur. En terrassant son ennemi, elle s'était montrée digne de la Déesse.
Soudain, un crépitement se fit entendre. Ameriana sentit ses longs cheveux noirs se hérisser. Une odeur piquante agressa ses narines. Avant qu'elle ne puisse réagir, un éclair la foudroya de plein fouet.
Hébétée, la jeune Matis faillit tomber à terre. Un Zoraï la fixait, impassible, le masque orné de quatre cornes menaçantes. Autour de ses mains gantées virevoltaient des étincelles.
La bataille n'était pas terminée.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeMar 8 Jan - 15:13

Dans la lumière de Jena - deuxième partie
Ameriana se concentra. La magicienne savait que son adversaire ne lui laisserait que peu de temps pour réagir. Face à elle, l'élémentaliste zoraï rentra en transe, s'élevant dans les airs avec la grâce d'un danseur. Il tournoya, ramassé sur lui-même, puis se détendit brusquement pour libérer un sortilège. La jeune Matis sentit une vague engourdir son corps et son esprit. Son incantation fut brisée. Invoquant les forces mystiques des lacs, le Zoraï avait tissé un lien d'étourdissement.
Ameriana était prise au piège dans la toile de son ennemi comme un papillon affolé. Elle était à sa merci ! Une terreur intense la submergea.
Le sorcier kamiste se prépara à appeler la foudre une seconde fois. Impuissante, la magicienne pouvait deviner le sourire cruel derrière le masque blafard.
Le Zoraï leva les bras. Soudain, il poussa un cri de douleur. Une forme avait bondi derrière lui et avait tracé dans son dos deux lignes sanglantes, rompant sa concentration. Il se retourna. Des dagues fyler lui entaillèrent les côtes. Le visage sardonique d'un Tryker se devinait derrière le ballet incessant de deux poignards. Le sorcier tenta d'invoquer les éléments, mais son adversaire était trop rapide. Les coups répétés, la douleur cuisante rendaient impossible toute incantation.
Le lien d'étourdissement se dissipa. Ameriana reprit ses esprits, rendant grâce à Jena. Elle canalisa les forces des profondeurs. Un projectile acide fila vers le Zoraï. Le Kamiste tenta de fuir, mais il était trop tard. Il s'écroula sous les assauts conjugués des lames et de la magie.
Le Tryker jongla habilement avec ses couteaux.
- Je me suis permis d'interrompre le cours de vos débats avec le sans visage, gente Dame. J'espère que vous me pardonnerez cette intrusion. Mais vous sembliez être à court d'arguments dans la discussion.
Il éclata de rire. Ameriana sentit le rouge lui monter au visage.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle dans cette situation, répliqua-t-elle d'un ton sec. J'ai failli perdre la vie !
- Allons, la mort n'est qu'un passage, une parenthèse douloureuse dans le glorieux récit de votre destinée ! Et le giron de la Déesse est un lieu plutôt hospitalier…
La magicienne fronça les sourcils. Ce Tryker était d'une telle impudence ! Elle s'apprêta à répondre, mais le manieur de couteaux commença à s'éloigner.
- Nous poursuivrons cette discussion plus tard ! Les foreurs ont besoin de notre protection, sans quoi les chantiers n'avanceront pas. Passez donc me voir au campement après la tombée de la nuit, en tout bien tout honneur évidemment. Je tâcherai de ne pas vous étourdir comme l'a fait ce fou de Zoraï !
Sur ces dernières paroles, il disparut derrière une dune. Ameriana chercha des yeux le corps du sorcier kamiste, mais il avait déjà été rappelé par ses maîtres impies.
Un groupe de récolteurs karavaniers approchait, en quête de bois et de résine. La magicienne se dirigea vers eux pour offrir son aide. Elle jeta un coup d'oeil en arrière. Rien n'indiquait qu'un combat avait eu lieu quelques instants plus tôt, et qu'elle avait failli être tuée.
Elle ne savait même pas comment s'appelait l'homin qui lui avait sauvé la vie.
- Caugan le fylerien ? Il a planté sa tente au nord du camp, près des barrières d'énergie.
Ameriana remercia le garde et se rapprocha des yourtes. Les étoiles piquetaient le ciel nocturne comme des fils dorés sur du brocart noir. Ça n'avait pas été difficile de découvrir le nom du Tryker. Sa réputation de féroce combattant l'avait précédé. Il avait été l'un des premiers guerriers karavaniers à cautionner le projet des temples de Jena. Il était parti pour les Dunes d'Aelius et avait mis ses dagues au service de la Déesse. Ameriana pensait que sa rencontre avec le Tryker n'était pas fortuite.
Des étincelles voltigeaient telles des lucioles au-dessus des feux de camp. Des homins discutaient, se réchauffant près des flammes, buvant à grandes rasades du vin de pissenlit. Ils venaient en majorité des forêts ou des lacs, mais il y avait parmi eux quelques Fyros, adeptes de Jena, engoncés dans leurs armures kostom brûlées par le soleil du désert. Ils semblaient préparer une expédition. La nuit était tranquille, mais la magicienne savait que ce calme était trompeur
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeMar 8 Jan - 17:10

Dans la lumière de Jena - troisième partie et fin
Durant les mois qui suivirent leur rencontre, Caugan et Ameriana ne se quittèrent plus. Lorsque la Sainte Karavan mit un terme à la prospection dans les Dunes d'Aelius, ils explorèrent ensemble le lac d'Olkern. Les récolteurs karavaniers exploitaient les gisements à la recherche de fibres, de résine et d'écorce. Ces matériaux étaient nécessaires à la construction des murs des temples édifiés à la gloire de Jena.
Les affrontements avec les Kamistes se faisaient plus violents au fur et à mesure de la progression des chantiers. Plusieurs batailles avaient eu lieu, et la sève des homins avait coulé en abondance. Le temps de la paix était révolu.
Les deux amis menèrent bien des combats, poussés par une foi qui se renforçait chaque jour. La Mort semblait se désintéresser d'eux, préférant tourner son regard vide vers des proies plus faciles.
Finalement, les Technosages annoncèrent que le lac d'Olkern avait fourni aux chantiers toutes les ressources nécessaires. La dernière étape de la prospection dans les Terres anciennes fut lancée : les Karavaniers furent transportés dans le Bois d'Almati, une forêt sauvage cachant dans ses profondeurs des gisements exceptionnels.
Ce fut au coeur de cette contrée que les yeux de la Mort s'arrêtèrent sur Caugan et Ameriana.
Les premières brumes de l'aube coloraient les arbres d'un voile nacré. La petite troupe d'homins fit halte dans une clairière. Le plus âgé des foreurs interpella le Tryker qui menait la marche.
- Sommes-nous encore loin du gisement, Maître Caugan ?
- Nous allons bientôt arriver. Lorsque nous serons sur place, il faudra vous hâter. Il semblerait qu'un important groupe de Kamistes ait été téléporté sur l'îlot hier soir. Nul doute qu'ils ne chercheront à s'approprier les sources d'ambre stellaire.
- Nous ferons de notre mieux.
Alors que le groupe s'apprêtait à repartir, une fine silhouette apparut entre les arbres.
- Ameriana ! As-tu des nouvelles ? demanda Caugan à la magicienne tout en lui offrant une gourde d'eau fraîche.
- Oui, la Déesse est avec nous ! répondit la jeune Matis en se désaltérant. Nos ennemis commencent tout juste à faire leurs préparatifs. Nous avons plusieurs heures d'avance sur eux.
- Louée soit Jena ! Mettons-nous en route sans tarder.
Les Karavaniers s'éloignèrent vers l'est. Quelques moments plus tard, une grande ombre cliquetante pénétra dans la clairière. Elle s'immobilisa un court instant, comme à l'écoute des secrets de la forêt. Puis elle quitta les lieux précipitamment, traçant dans sa hâte de profonds sillons dans l'humus.
Les sources brillaient comme des perles végétales éparpillées sur le sol. Révélées par la poudre de forage, elles semblaient palpiter au rythme d'Atys. Les récolteurs en extrayaient l'ambre stellaire, qui allait servir à fabriquer la pièce maîtresse du temple de Jena.
Pendant que les prospecteurs étaient au travail, une poignée de guerriers surveillaient les environs, guettant toute intrusion des Kamistes.
Caugan était assis sur une souche, le regard allant d'un arbre à l'autre. Il semblait nerveux.
- Tu n'as pas dit un mot depuis près d'une heure. Quelque chose ne va pas ? s'inquiéta Ameriana.
- J'ai un mauvais pressentiment. J'ai l'impression qu'une armée entière va surgir des bois pour nous écraser.
- Les adeptes des démons ne sont pas si nombreux. Avant qu'ils n'arrivent, nous serons déjà repartis avec des sacs remplis d'ambre. Et nous…
- Chut ! Écoute !
La magicienne tendit l'oreille. Pas un bruit. Le chant des oiseaux s'était tu. Toute la forêt semblait retenir son souffle.
Caugan se leva, attentif. Il fronça les sourcils.
- On dirait…
Un hurlement l'interrompit. De grandes silhouettes vertes apparurent parmi les fougères et se jetèrent sur les homins. Comme si les arbres avaient levé leurs racines pour châtier ceux qui osaient troubler leur repos.
Le Tryker bondit, dégainant ses deux couteaux.
- Kitins ! Kitins !
Les grands kirostas balayaient les foreurs comme des fétus de paille. Les dards acérés perçaient les armures légères et injectaient un poison qui brûlait les veines. Protégés par leurs épaisses carapaces, les soldats kitins tailladaient les membres, claquant leurs mandibules en cadence pour rythmer leur danse macabre.
Passé le premier moment de stupéfaction, les combattants karavaniers réagirent. Menés par Caugan, ils s'interposèrent entre les monstres et les prospecteurs. Les guérisseurs entamèrent leurs incantations.
Les guerriers cherchaient les points faibles dans la cuirasse des kirostas. Caugan frappait sans relâche, les pointes de ses dagues s'insinuant dans la moindre jointure.
Ameriana libéra l'énergie des profondeurs sur les créatures. Mais les kitins résistaient à ses sortilèges acides. Elle utilisa alors la magie de son peuple, invoquant des flux empoisonnés. Un kirosta finit par s'écrouler, recroquevillé dans un dernier spasme comme une gigantesque main aux doigts crochus. Un autre monstre prit sa place.
Une vague de terreur serra le coeur des homins. Allaient-ils tous mourir en cet endroit ?
- Ameriana ! Emmène les récolteurs loin d'ici ! s'écria Caugan, dégageant ses poignards du corps d'un soldat kitin. Nous ne pouvons pas gagner ce combat ! Mon groupe va tenter de les retenir le plus longtemps possible.
- Hors de question, je ne t'abandonnerai pas !
- Il n'est plus temps de discuter ! L'ambre stellaire doit parvenir au campement de la Karavan. C'est notre mission !
La jeune Matis serra les dents. Son ami avait raison. Jena lui avait confié une tâche, elle devait tout faire pour la remplir. Caugan s'approcha d'elle et prit sa main entre les siennes.
- Souviens-toi, la mort n'est qu'un passage ! Si je ne reviens pas, nous nous reverrons dans la lumière de Jena !
Ameriana n'eut pas le temps de répondre. Déjà, le Tryker regroupait les derniers combattants.
- Montrons à ces créatures comment meurent des Karavaniers ! Pour la Déesse !
Il se jeta dans la mêlée, attirant l'attention des kirostas. Ses poignards décrivaient des arcs mortels. Il semblait invincible.
La magicienne rassembla hâtivement les foreurs. Les homins s'élancèrent à sa suite, chargés des précieuses ressources, courant à perdre haleine pour échapper aux monstres implacables. Ils prirent la direction de l'ouest.
Des larmes coulaient le long des joues d'Ameriana. Dans son coeur se mêlaient rage et désespoir.
Lorsque le dernier guerrier tomba, les soldats cliquetants hurlèrent leur triomphe. Puis ils se fondirent parmi les arbres.
Bientôt, les oiseaux chantèrent à nouveau.
Les eaux de la baie d'Avendale miroitaient sous les feux du soleil couchant. Ameriana descendit de son mektoub et l'emmena aux écuries du village. Puis elle marcha vers les pontons. La brise du crépuscule faisait osciller les bannières écarlates. Les habitants des lacs rentraient chez eux après leur journée de travail. Quelques voyageurs en route pour les Lagons de Loria chargeaient leurs bêtes de bât. Tout était paisible ici, loin des tumultes de la capitale tryker. Ameriana demanda la direction du bar de Naroy Ba'Dardan.
Cela faisait plusieurs jours que la magicienne avait perdu espoir de revoir Caugan en vie. Après avoir mené les prospecteurs sains et saufs au campement du bois d'Almati, Ameriana avait vainement attendu le retour de son ami. Elle était repartie vers les gisements d'ambre à la tête d'un groupe de Karavaniers, et avait trouvé l'un des poignards du Tryker fiché dans le cadavre d'un kitin. En l'absence de corps, la jeune Matis avait espéré que Caugan ait été béni par la Déesse et ramené sur Atys grâce au miracle de la résurrection. Elle s'était rendue à Yrkanis et à Fairhaven, sans succès. Nul ne semblait avoir vu le guerrier aux couteaux.
Envahie par le chagrin, Ameriana s'était rappelée de cette nuit où son amitié avec Caugan était née, où le Tryker avait partagé avec elle une boisson de son pays. Elle avait alors pris le chemin d'Avendale, au nord-est d'Aeden Aqueous. Elle voulait goûter une nouvelle fois à cette bière lacustre, à l'amertume adoucie par le miel. Elle voulait se souvenir.
Ameriana s'approcha du comptoir puis héla le barman. Naroy Ba'Dardan servit deux pêcheurs disputant une partie de dés avant de venir vers elle. Sa coiffure hérissée de touffes blondes surmontait un visage franc et sympathique.
- Bonsoir, dit poliment la jeune Matis. Je voudrais boire à la mémoire d'un ami disparu. Pouvez-vous m'apporter un verre de votre bière maison ?
- Avec plaisir. Soyez la bienvenue dans mon humble établissement, Ameriana.
La magicienne écarquilla les yeux de surprise.
- Comment connaissez-vous mon nom ? Je ne suis jamais venue ici auparavant.
- Le guerrier installé à la table du fond m'a dit que vous viendriez par ici, répondit le barman en remplissant un pichet sculpté dans un coquillage. Il n'est pas bon de boire seule par une nuit aussi splendide.Voyez comme les étoiles brillent ce soir. La bière lacustre se déguste entre vieux amis.
Naroy indiqua de la tête une silhouette assise au fond de la salle. Un Tryker aux cheveux pourpres contemplait les eaux de la baie, jonglant avec un couteau.
Apercevant Ameriana, il se leva, puis s'inclina en croisant les mains.
- Je vous attendais, gente Dame. Me ferez-vous l'honneur de partager ma table ? Ensemble, nous pourrons parler du destin des homins. Qui sait, peut-être ferons-nous disparaître les doutes et les ténèbres !
Tandis qu'Ameriana courait vers lui, Caugan sourit comme un enfant
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeLun 14 Jan - 14:07

Histoire d'un jeune Fyros - première partie
La nuit venait de tomber. Les derniers rayons du soleil avaient quitté l'horizon, emportant avec eux une chaleur réconfortante. Emmitouflé dans une couverture, Aetis maudissait son intrépidité. Jamais il n'aurait dû se fier aux dires du vieux fou. Un monde nouveau était en train de se construire plus à l'ouest ? C'était du n'importe quoi. Seul le désert s'affichait partout. Aucune trace de civilisation, aussi minime soit-elle.
Cela faisait près de cinq mois qu'il avait quitté son clan. Cinq jours à errer dans le no man's land à la recherche de la route de l'exode vers les nouvelles cités que leur avait indiquée un vieux voyageur qui s'était arrêté dans leur attroupement pour une halte salvatrice.
- Mes amis Fyros, le monde est en train de guérir. Les kitins ont été dominés. Notre peuple est en train de reprendre sa place sur Atys, leur avait-t-il annoncé une fois repu.
Des sourires condescendants s'étaient affichés sur les visages des quinze membres du clan. Personne ne pouvait croire à une telle histoire. Tout le monde savait que le monde n'était désormais peuplé que de nomades et de petites tribus qui vivaient de cueillette et de chasse. Aucune cité n'avait résisté à l'invasion des monstres sortis des sous-sols de la planète. Pourtant personne ne remit les paroles du vieil homme en question. Il était très courant que passé un certain âge, les hommes perdent de leurs facultés. Mais de toutes façons, si personne ne croyait en ces histoires, tout le monde aimait se les entendre dire, redevenant un instant un enfant rêvant de mondes merveilleux.
Néanmoins, Aetis avait pris les paroles du vieil homme au pied de la lettre et quand les hommes et les femmes de son clan s'en étaient allés se coucher, il avait rejoint le visiteur pour lui poser tout un tas de questions, dont les réponses l'émerveillèrent au plus haut point. Il venait de trouver enfin une solution à son désir de fuir une destinée fade et sans saveur. Il allait devenir un héros. Il allait montrer à tous de quoi il était capable. Il allait prouver aux siens que le monde était en train d'éclore à nouveau.
A l'aube ses parents tentèrent de l'en dissuader, mais têtu comme un madakam, rien ne put lui faire changer d'avis. Alors à contrecoeur, mais sachant pertinemment qu'il reviendrait vite, on décida de lui préparer une besace pleine de racines de takoda en guise de fortifiant, ainsi qu'une couverture pour affronter les nuits glaciales.
Les rires et les quolibets des autres adolescents l'accompagnèrent quand il quitta le campement. Seul le vieux Fyros lui envoya un geste de sympathie.
- Je vais être la risée de tous, si je rentre dès maintenant ! se dit-il en serrant les poings.
Un vent violent s'était levé dans la nuit, et des grains de sable venaient lui griffer son visage à moitié caché sous sa couverture.
Il ne lui restait guère de provisions, et il savait qu'il devait désormais choisir entre rentrer ou continuer en sachant qu'il n'aurait dès lors pas assez de quoi se restaurer pour faire chemin arrière. A moins qu'il n'arrive à tuer encore un de ses fichus yubos avec le couteau que lui avait offert son père.
Il finit tout de même par s'endormir et au petit matin, il eut l'agréable surprise de voir que le vent s'était levé, et qu'un magnifique soleil brillait au-dessus de sa tête.
Il sortit de sa couverture et s'étira de tout son long. Soudain il aperçut un yubo. Il se figea sur place et pria pour que la chance reste de son côté. Il baissa la tête et aperçu un gros bloc d'ambre à moins d'un mètre de là. Il se courba en avant, attrapa l'ambre en faisant très attention à ne pas se faire remarquer par l'animal qui grignotait la fleur d'un résineux. Une fois le bloc bien en main, il arma son bras et d'un geste violent l'envoya sur le yubo.
Dans un grand bruit d'éclats, l'ambre explosa en mille morceaux à mi-vol.
Aetis ouvrit la bouche en grand, mais nul mot n'en sortit. Le yubo fuit à toute vitesse sans demander son reste.
Suis-je en train de devenir fou ? se demanda-t-il en constatant l'impossible.
Un frisson lui traversa l'échine. C'était le début de la fin. Le soleil avait dû lui monter à la tête.
Un petit rire retentit derrière lui. Il se retourna et ne vit personne.
La peur, mêlée d'un sentiment de gêne, s'empara de lui. Je suis fou ! se redit-il terrifié à l'idée de mourir ainsi.
Le rire se fit entendre à nouveau. Et d'un brusque mouvement de tête, Aetis sembla percevoir une forme étrange qui disparut aussitôt.
- Qui êtes-vous ?! hurla-t-il.
Je ne dois pas perdre mon sang froid, se força-t-il à penser. Il doit y avoir une explication.
- Montrez-vous ! explosa-t-il.
Au moins une chose était certaine, il lui restait assez de force pour se battre. Il sentait son coeur cogner dans sa poitrine comme les tambours de son oncle Denarius.
Alors apparut, sortit du néant, un être d'à peine un mètre de hauteur qui flottait dans les airs au niveau de son visage.
- Enchanté, jeune Fyros, quel est ton nom ?
- Aetis, répondit-il sans comprendre ce qui se passait.
Ca y est je suis devenu fou ! A moins que ? Mais cela n'était pas pensable. Personne dans son clan n'en avait jamais vu. Croire en une reconstruction du monde, oui, mais pas en ces personnages légendaires ?!
- N'aie pas peur, je suis un ami de ton peuple, fit l'être avant de lui sourire.
Aucune dent n'ornait sa bouche. Comment coupait-il les aliments ? pensa Aetis, qui secoua la tête, en s'en voulant de penser à des questions aussi bêtes.
- Vous êtes un Kami ? fit-il sans trop vouloir y croire.
- C'est ainsi que les homins nous nomment dans leur langue, répondit le Kami.
Il disparut brusquement. Aetis se frotta les yeux et comprit que sa raison lui avait joué des tours, mais soudain on le tira par la manche de son gilet. Il tourna la tête et vit le Kami.
- Comment est-ce possible ?! fit-il ébahi.
Le Kami sourit à nouveau.
- Il y a tant de choses que tu dois apprendre et désapprendre. Atys est bien plus complexe que les tiens peuvent le croire. Nous, Kamis, pouvons réaliser des merveilles, et sommes prêts à les partager avec vous, si vous nous faites confiance. Atys a besoin de jeunes hommes pleins de bonne volonté. Atys est loin d'être guérie. Nous comptons sur les jeunes générations pour la repeupler et la faire revivre.
- Vous pourrez m'apprendre à disparaître et à réapparaître ? s'enchanta Aetis qui ne doutait plus à présent de la véracité de ce qu'il vivait.
- Et quantité d'autres choses. Mais patience et travail tu devras avoir. Nombreux sont les jeunes hommes comme toi que j'ai amené à Kaemon y faire leur apprentissage et qui ne sont devenus que de vulgaires vauriens avides de richesses et de pouvoir.
- Je ne suis pas comme cela ! Je vous le jure ! fit-il avant de prendre un ton plus bas. Je vous en supplie ne m'abandonnez pas. Je suis prêt à tout pour que vous me meniez à cette ville. Je vous prouverai que vous aviez raison de me faire confiance.
Le Kami s'envola de deux mètres dans les airs, et le toisa de cette hauteur.
- Soit, alors prépare toi pour un grand voyage. La plus proche cité se trouve bien loin d'ici, fit le Kami.
Aetis bomba le torse et fixa fièrement l'être volant.
- Je suis prêt à vous suivre jusqu'au bout du monde. Je saurai faire face à tous les dangers, fit-il avec un enthousiasme non feint.
- Garde toujours cet esprit aventureux, jeune Fyros, car tu comprendras très vite que la vie peut être dangereuse dans les villes autant que dans les régions isolées.
Le Kami se rapprocha en flottant près d'Aetis. Il le regarda droit dans les yeux et rajouta :
- Tu auras besoin de toutes tes forces pour ton apprentissage. Tu as eu beaucoup de chance que je tombe sur toi, tu aurais pu errer durant des années sans que l'un de nous ne te trouve. Aussi je vais t'éviter une trop longue marche et te téléporter jusqu'à ta destination.
- Téléporter ? fit Aetis.
Il connaissait le terme issu des contes, mais un étrange sentiment le pénétrait. Se dissoudre d'un endroit, pour réapparaître des centaines de kilomètres plus loin ? Malgré la chaleur, un frisson glacé lui traversa les os.
- Tu as peur ?
- Non, fit Aetis d'un ton peu convaincant. Je suis prêt.
Le Kami sourit et ne fut pas dupe de la peur d'un jeune Fyros. Il fit un seul geste et soudain la terre sembla disparaître tout autour d'Aetis. Mais très vite la vision d'Aetis redevint parfaitement claire.
Des larmes coulèrent de ses yeux et roulèrent sur joues.
Un petit village s'étendait plus bas. Des constructions. Des Homins comme lui. Ce n'était pas croyable. Il avait réussi ! Il était un héros.
Une main lui frappa l'épaule. Il poussa un petit cri de stupeur.
Un rire féminin lui répondit. Une jeune Fyros était à ses côtés.
- Toi le nouveau tu vas devoir apprendre à être plus discret si tu veux survivre, fit-elle en montrant du doigt un capryni qui les regardait méchamment.
- Ces herbivores sont très méchants quand ils se sentent agressés !
Aetis hocha la tête, incapable de prononcer un mot.
- Allez viens avec moi, il faut que tu ailles voir Boethus Cekian. Il t'expliquera de nombreuses choses, tu as beaucoup à apprendre avant d'espérer entrer dans les grandes cités.
Un vent léger vint lui rafraîchir les idées.
- Une vie nouvelle m'attend ici, se dit-il en descendant vers la tour.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeLun 14 Jan - 14:10

Histoire d'un jeune Fyros - seconde partie
Le soir tombait sur Pyr, la capitale de l'Empire Fyros. Cela faisait près d'un mois qu'Aetis habitait la ville, et il commençait à en connaître les nombreux recoins. Il s'approcha d'une échoppe et interpella le marchand.
- Dylion regarde ce que j'ai pour toi ! Deux magnifiques peaux de gingo. Des bêtes que j'ai dépecées rien que pour toi ! fit-il en posant sa besace sur le comptoir.
Le vieux marchand se frotta le menton et toucha finalement la peau d'un air peu convaincu.
- Pas tout jeunes tes gingos ! La peau a perdu de sa douceur. Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça ? se moqua le marchand.
Allez, je t'en propose deux cents dappers, parce que je suis de bonne humeur.
Nombre de guerriers auraient senti le rouge leur monter au visage et seraient repartis vers un autre marchand en fulminant, mais Aetis connaissait son homin. Il savait que ce n'était qu'une façon d'entamer la négociation.
- Deux cents dappers ! Même pas de quoi me payer une nuit dans une auberge. En temps normal je t'aurais demandé le triple ! Mais je veux bien croire que tu sois le plus pauvre des commerçants du marché, aussi, je te les laisse à cinq cents dappers.
Dylion Tindix leva les yeux au ciel, comme poignardé.
La discussion continua encore dix minutes avant qu'ils ne se mettent d'accord pour trois cents dappers.
Plutôt satisfait de sa journée, Aetis pesa les perles dans sa main. Il s'engagea négligemment dans le Chemin de la Cuvette et s'arrêta devant le hammam de la ville. Il regarda le ciel et se dit qu'il avait encore du temps avant de dîner.
Il pénétra dans le vestibule où un employé vint à sa rencontre.
- Bonsoir, puis-je vous aider ? Demanda-t-il d'une voix mielleuse.
- Oui, donne-moi une cabine que je me déshabille. J'ai hâte de prendre un bain.
L'homin s'inclina brièvement et l'invita à le suivre. Une atmosphère lourde et chaude se dégageait des lieux. Longeant un long couloir empli de portes, Aetis se félicita de son choix. Il avait passé la journée à la chasse à suer sous un soleil accablant. Ses muscles avaient besoin de se détendre à la chaleur des bains. Il pénétra dans la cabine que lui montra son guide. Il se déshabilla entièrement avant d'ouvrir l'autre porte qui donnait sur le hammam. La vapeur emplissait toute la pièce recouverte d'ambre verte. Il s'approcha du grand bassin et fut contrarié à la vue des nombreux clients, en majorité des Fyros.
Il s'assit au bord du bassin, se pencha en avant et tendit le bras. L'eau était particulièrement chaude. Il fit une moue et hésita un instant avant de prendre la décision d'entrer dans le bain. Il s'enfonça lentement dans l'eau en contrôlant son souffle.
Il étendit ses bras sur la margelle du bassin et ferma les yeux.
- C'est la première fois que je te vois ici. Cela fait longtemps que tu es arrivé à Pyr ?
Aetis rouvrit les yeux et tourna la tête sur sa gauche. Il découvrit le visage d'un Fyros à l'aube de sa quarantaine.
- Un mois, mais je ne compte pas y rester plus que de raison, répondit Aetis qui espérait que la conversation s'arrête là.
- Pourquoi nous quitter déjà ? Pyr ne te plaît-elle donc pas? continua l'inconnu.
Aetis sourit.
- J'ai envie de découvrir les nouvelles terres homines et leurs merveilles. J'ai soif de connaissance.
- Je m'en doutais ! s'exclama-t-il, riant. Je me nomme Partacles, je suis un des Sénateurs qui gouvernent notre peuple au nom de l'Empereur Dexton. Je suis en charge des affaires militaires et les Kamis savent que ce sont des affaires importantes !
- Hormis les kitins, je ne vois pas d'autres conflits à craindre, fit Aetis qui n'aimait pas la tournure de leur conversation.
Partacles se rapprocha d'Aetis et d'une voix plus basse ajouta :
- Crois-tu vraiment que la paix puisse durer éternellement entre les homins ? Songe à l'ambition de la Karavan, tu comprendras vite que les Matis nous sauteront à la gorge dès que possible. La paix ne dure que parce que chaque peuple est encore trop faible pour penser à étendre son territoire. Mais les choses vont plus vite que tu ne peux l'imaginer. Les quatre races homines reconstruisent leurs empires perdus. Notre bon Empereur rebâtira sa résidence impériale, et j'ai moi-même déjà nommé plusieurs généraux qui se chargent de recruter des guildes pour les enjeux à venir.
Aetis fit une moue consternée. Il n'avait aucune envie de rentrer dans ce genre de considérations. Il était un guerrier, un aventurier, il se moquait de la politique. Pourquoi lui révélait-il tout cela ?
La main de Partacles se posa sur son épaule.
- J'ai besoin de jeunes Fyros comme toi pour me servir d'agents. Nous manquons d'informations sur ce qu'il se passe chez les Matis et les Trykers. Veux-tu être un de mes espions ? Et avant de répondre sache qu'il y a beaucoup de renommée et d'argent à gagner pour toi. Beaucoup pour un jeune homin, pense à tout ce que tu vas pouvoir t'offrir...
La confusion s'empara de l'esprit d'Aetis. En quittant son village, il ne pouvait soupçonner à quel point le monde était en train de changer. La guerre entre les homins allait peut-être recommencer. Un goût amer lui emplit la bouche. Il secoua la tête et regarda Partacles droit dans les yeux.
- Je vais y réfléchir, mais je ne vous promets rien, fit-il.
- Prends ton temps jeune Fyros. Il n'y a rien de pire que la fougue et les décisions hâtives.
Sur ces mots, Partacles lâcha la margelle et nagea jusqu'aux marches du bassin pour en sortir.
Aetis se relâcha enfin. Il aurait tant aimé qu'on le laisse tranquille. Il était ignorant des usages politiques de la société et il n'avait guère envie d'en apprendre davantage.
Il resta encore de longues minutes à profiter du bain chaud et des vapeurs qui s'en échappaient. Avant de quitter à son tour le hammam, il prit une douche glacée qui lui raffermit tout le corps. Une fois rhabillé, il ressortit dans la rue et savoura la douce brise qui s'enfonçait dans les ruelles de Pyr. Les paroles de Partacles lui semblaient désormais très loin de ses préoccupations. Son ventre gargouillait depuis quelques minutes et l'envie de se faire un repas particulièrement copieux était au centre de ses pensées. Il remonta la Rue Dexton et arriva Place de la Fontaine. Le bar se trouvait sur la gauche. Sans plus d'hésitation il pénétra dans la bâtisse et alla s'asseoir à une table libre.
Un trio de musiciens jouait un petit air de musique traditionnelle. Trois jeunes Fyros dansaient de façon fort gracieuse entre le bar et les premières tables. A la lumière des lanternes, elles ondulaient avec délicatesse et subtilité. Aetis commanda une bière de scrath et une côte de bodoc grillée aux larves braisées. Malgré les mouvement harmonieux des jeunes filles, ses pensées revinrent finalement aux paroles de Partacles. Avec l'argent, tout serait tellement plus simple ! Plus besoin de passer de longues heures à chasser pour obtenir à peine de quoi se loger…il pourrait vivre à sa guise sans avoir à se soucier du lendemain. Même les filles seraient faciles ! Avec un petit sourire de dérision, il secoua la tête. Il n'y a guère plus que les anciens pour croire que les femmes s'achètent encore. Depuis l'exil forcé dans les Primes Racines, la société fyros a bien changé. Les femmes fyros, inspirées par l'exemple des autres peuples se sont imposées, et la régente Leanon en est le premier exemple. Si un
Kami pouvait lire dans mes pensées, il me téléporterait aussitôt au fond du désert ! Se dit-il en laissant un sourire s'afficher sur son visage.
- Puis-je m'asseoir à vos côtés ? fit une voix à l'accent particulier.
Aetis leva la tête et croisa le visage d'un jeune matis.
- Je vous en prie, répondit-il.
Le Matis s'assit à ses côtés. Le visage plutôt débonnaire, de grands yeux bleus et une fine barbe qui le vieillissait quelque peu.
- J'adore votre ville. Vous avez de la chance. Savez-vous que Pyr est la plus grande cité homine d'Atys ?
Aetis fit non de la tête mais garda son regard fixé sur les belles Fyros qui débutaient une nouvelle danse.
- Vous n'êtes pas très loquace, mais peut-être devrais-je me présenter. Lato Nivaldo, ambassadeur matis. Je suis ici pour créer un lien avec votre peuple. Il me plaît de croire que la paix peut être durable entre nous.
- Ce n'est pas ce que j'ai entendu ailleurs… fit Aetis.
- Ah bon ? ! s'étonna Nivaldo. Et qu'avez-vous donc entendu ?
Aetis se sentit furieux contre lui-même et porta la bière à ses lèvres. Il s'était fait avoir comme un débutant! Le Matis était là pour lui soutirer des renseignements. Peut-être même l'avait-il vu discuter avec Partacles. Il devait se méfier de chacun de ses propos.
- La Karavan ne nous aime pas beaucoup, et à ce que l'on dit vous êtes leurs plus ardents défenseurs, dit-il en choisissant avec soin chacun de ses mots.
- Certes, mais ce n'est pas un crime d'avoir ses opinions. Jena est notre déesse, et guide nos actes, mais en aucun cas ses préceptes ne nous indiquent d'utiliser la force pour répandre la bonne parole.
Aetis fit une moue peu convaincue.
- Non, mais respectez-vous vraiment nos croyances ?
- Pensez-vous vraiment que je me serai porté volontaire pour être ambassadeur auprès des vôtres si je n'aimais pas votre peuple? Si seulement vous pouviez venir dans nos contrées, vous comprendriez combien vous avez tort de voir en nous des fanatiques illuminés.
- Ce serait avec plaisir mais que ferais-je là-bas sans dappers ni lieu pour dormir ? fit Aetis qui espérait ainsi mettre un terme à leur conversation.
Nivaldo prit un air soucieux et son front se plissa.
- Oui, l'argent est de plus en plus important dans notre monde, mais peut-être existe-t-il une solution. Je suis mandaté par le Duc
Rodi di Varello, l'équivalent d'un de vos sénateurs, chargé, entre autres choses, du commerce. Il m'a chargé de lui envoyer des plantes aromatiques amères de votre pays.
Voyant le regard interrogateur d'Aetis, il répondit sans attendre la question.
- Les nobles de mon peuple, comme de toutes les choses rares, raffolent de ces herbes. Rapportez moi disons… cinq sacs et je parlerais de vous au Duc. Je suis certain qu'il aura quelques missions lucratives pour vous une fois sur place.
Aetis se dit que finalement il ne pouvait échapper à son destin. Entre les propositions de Partacles et celles de Nivaldo, il allait devoir quitter la région. Soit ! Il en serait ainsi, mais une chose était claire, il travaillerait pour les Fyros et ne trahirait jamais son peuple.
- Je vais réfléchir, mais je dois dire que votre proposition me paraît alléchante, et si vous me payez mes trois prochaines bières, je pense que ma décision pourrait s'en trouver largement influencée en votre faveur.
Le Matis sourit et sortit des dappers de sa bourse.
- Tenez, avec ça, je suis même certain que vous aurez de quoi finir votre soirée dans le meilleur établissement de Pyr. Revenez avec les plantes ici même dans quatre jours, dit-il en marchant vers la sortie.
Aetis baissa alors le regard sur la table, prit les dappers et les soupesa dans sa main.
- Alors tel est le prix de la trahison…?
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeLun 14 Jan - 14:12

Histoire d'un jeune Fyros - troisième partie
- Je suis heureux que tu aies pris la bonne décision, fit Partacles une fois qu'Aetis eut finit de lui conter sa rencontre avec Lato Nivaldo. Il faut se méfier des Matis comme de la Goo.
Aetis était retourné deux fois au hammam dans l'espoir de retrouver le sénateur. La seconde fut la bonne. L'homin profitait des bienfaits des bains dans le grand bassin.
- Je suis un Fyros et je n'aurais jamais accepté de travailler pour eux. J'aime mon peuple, répondit Aetis
Partacles lui fit un grand sourire. Il aimait ce genre de jeune homin qui faisait passer l'honneur et sa patrie avant l'argent.
- Eh bien ne décevons pas notre Duc. Tu vas accepter sa proposition, et lui remettre la quantité de plantes aromatiques qu'il demande. Un bon moyen de gagner sa confiance.
- J'aurai besoin d'aide, fit Aetis, qui se rendait compte de l'importance de son choix
Il ne serait plus jamais le jeune Fyros insouciant et innocent qu'il avait été jusqu'alors. Il pénétrait dans une autre sphère pour le meilleur et pour le pire.
- Tu vas prendre contact avec le maître foreur Galeos Ion. En tant que chef de la guilde des Gueules Noires, il pourra t'aider à trouver les bras et le matériel nécessaire pour la collecte des plantes. Il a un caractère un peu rugueux mais tu peux lui faire confiance, les Gueules Noires ont toujours servi l'Empereur. Tu iras le voir demain, le hall de sa guilde se trouve dans la rue Leanon
Aetis hocha la tête et s'apprêtait à quitter le bain quand le sénateur lui empoigna le bras.
- Fais très attention à toi, jeune Aetis. Personne ne pourra te venir en aide, si les Matis apprennent que tu es en train de les duper. Garde-toi de trop parler. Le silence est ton meilleur allié.
Aetis le remercia et le salua.
Au lieu de se sentir apaisé à la sortie du hammam, il était au contraire épuisé par cette conversation. Il venait de rentrer au service de l'Empereur et sentait déjà toute la pression qui pesait sur ses épaules. Il était tout à fait clair qu'il n'avait pas le droit à l'échec.
Aetis se présenta le lendemain au hall de la guilde des Gueules Noires. Le bâtiment fourmillait d'activité. Ceux qui revenaient d'expédition exhibaient le produit de leurs efforts tout en racontant leurs exploits de la veille. D'autres au contraire se préparaient à partir et vérifiaient une dernière fois leur matériel ainsi que les emplacements des sources qu'ils comptaient exploiter. Quelques-uns enfin semblaient gérer la guilde proprement dite car ils répondaient aux différentes questions qui leur étaient posées tout en donnant des ordres à droite et à gauche.
Aetis demanda à parler à Galeos Ion. On lui indiqua un homin d'un certain âge en grande discussion avec trois Fyros qu'Aetis identifia à leur matériel comme des foreuses du désert. La fine poussière qui recouvrait leurs vêtements indiquait qu'elles revenaient sans doute d'une nuit de dur labeur.
- … d'une excellente qualité ! Enfin je vois que vous maîtrisez l'extraction de la fibre dzao. Ce n'est pas trop tôt. Allez voir Mila Abygrian, il pourra peut-être vous mettre en contact avec un artisan à la recherche de matière première.
Tandis qu'elles remerciaient Galeos et prenaient congé, Aetis qui attendait patiemment son tour s'avança.
- Ah, tu dois être Aetis, on m'a prévenu de ton arrivée. Je suis Galeos Ion…
Il appela deux jeunes homins qui discutaient dans un coin.
- … et je te présente Eree et Mokra. Ils font partie de la guilde des Gueules Noires que je dirige. Ils t'aideront dans ta tâche.
Les jeunes gens se saluèrent brièvement.
- Nous savons qu'il existe un endroit à la lisière de la forêt enflammée où le sol est riche en graines de plantes aromatiques. reprit Galeos. Faites très attention, elles ne sont pas faciles à extraire. Le gisement y est d'excellente qualité aussi faites bien attention. Vous devrez ménager la source si vous ne voulez pas la faire éclater et voir toutes vos précieuses matières s'enfouir à nouveau dans le sol. Mais si vous vous débrouillez bien, à trois vous devriez être capables d'extraire les huit sacs dans la journée. Du moins si vous ne vous faites pas exploser la tête !
Galeos partit d'un grand rire tonitruant.
Aetis eut une moue de consternation. Une drôle de façon pour le recevoir. Il tiqua soudain
- Huit sacs ? je n'en ai besoin que de...
- Que crois-tu donc jeune Fyros ? le coupa sèchement Galeos brusquement redevenu sérieux. Que nous travaillons gratuitement pour toi ? Je devrais mettre deux de mes apprentis et trois mektoubs à ton service juste parce que tu me le demandes ?
Aetis sentit les poils de ses bras se hérisser. Il faillit réagir à la violence des propos de Galeos mais il repensa au conseil de Partacles : le silence est ton meilleur allié. Aetis se renfrogna et ne tenta pas de renchérir.
- Je vois que tu as compris, parfait. La matinée est déjà bien entamée. Je vous conseille de partir sur le champ si vous voulez être de retour avant la tombée de la nuit.
- J'aime bien travailler la nuit à la lueur des étoiles, fit Mokra.
- Grand bien vous fasse, je suis sûr que les goaris seront du même avis. Je n'aimerais pas perdre trois bons mektoubs pour si peu. Allez, partez d'ici, et faites honneur à la guilde et à l'Empereur.
Galeos s'en retourna à ses affaires sans un mot de plus et laissa les trois jeunes Fyros ensemble.
- Faut pas s'inquiéter, il est toujours comme ça, mais c'est un type honnête, le rassura Eree quand ils furent sortis. Viens, on va tout de suite aller aux étables sud, les mektoubs sont prêts à partir.
Arrivée à destination, Eree échangea trois mots avec le palefrenier qui lui sortit trois bêtes de l'enclos.
- J'espère que tu es déjà monté sur un mektoub, sinon tu n'auras plus qu'à nous rejoindre à pied, le moqua Eree en lui tendant les rênes. Mais nous aurons sûrement fini avant que tu n'arrives !
Aetis n'était pas certain d'apprécier l'humour de la jeune fille.
- Fais pas cette tête Aetis, elle a le même humour que Galeos, mais à la longue on s'y habitue comme la sciure sous la pluie.
Aetis n'était pas sûr d'avoir compris la comparaison mais ne demanda pas d'explication. Il se rapprocha tout simplement de sa monture et sauta en selle avec une facilité exemplaire.
- C'est bon, j'ai rien dit, fit Eree
- On va passer par le col aux canyons. J'adore ce coin, il n'y a pas trop de monde par là. Nombreux sont ceux qui redoutent ces territoires. Comme il me fait honte de savoir qu'il existe autant de Fyros peureux ! fit Mokra.
- Nous sommes là pour prouver le contraire, n'est-ce pas ?
- Tu l'as dit ! répliqua Eree.
Dans un cri simultané, les trois jeunes Fyros lancèrent joyeusement leurs montures au galop à travers le désert.
Ils galopèrent durant près d'une heure avant d'arriver en vue des grands arbres calcinés. La sueur coulait sur leur front. Les bêtes, harcelées par les coups de pieds, n'avaient pu relâcher leurs efforts et beuglaient d'épuisement alors qu'un long filet de bave sortait de leur bouche grande ouverte.
- La zone me semble bonne, qu'est-ce que vous en pensez ? fit Mokra.
- Un endroit qui en vaut un autre, répondit Eree.
Aetis hocha la tête. Il descendit de sa monture et lui caressa la trompe. Elle avait mérité une petite récompense. Il sortit de sa sacoche une boule de miel cristallisé et la lui donna. L'animal la dévora en un clin d'oeil.
- Maintenant, laissez-moi faire, fit Eree en s'avançant de quelques pas.
Aetis l'observa avec curiosité. Elle sortit un peu de poudre verte d'une petite poche et commença à la frotter doucement dans ses mains. Ses traits trahissaient une grande concentration. La poudre se mit à luire faiblement tandis que son visage se plissait sous l'effort. Elle jeta la poudre à terre. Aetis vit soudain la sciure être aspirée en plusieurs endroits.
Il n'en revenait pas. Elle avait eu beaucoup de chance, ou bien elle avait un sixième sens exceptionnel. Quatre bulles vertes, des sources, étaient sorties de terre.
- Alors on remercie qui ? se vanta-t-elle en mettant les mains sur ses hanches.
Aetis ne put réprimer un sourire. Finalement cette fille lui plaisait. Avec son air frondeur et son côté garçon manqué dans sa tenue hoben beige, elle était sublime !
- Merci, merci, mais ne crois pas t'en tirer à si bon compte. Attrape ça ! répondit Mokra en lui lançant une pioche.
Ces deux là se connaissent depuis un certain temps, pensa Aetis. Il en conçut une pointe de jalousie.
Aetis décrocha sa propre pioche de sa selle tandis que Mokra et Eree commençaient l'extraction d'une des plantes. Plus à l'aise avec une épée qu'avec une pioche, Aetis resta encore un instant à les observer.
Eree creusait la gangue verte de la source pour y récupérer les précieuses plante qu'elle avait fait remonter tandis que Mokra s'occupait de la consolider sur les côtés pour éviter qu'elle n'éclate subitement, ce qui aurait anéanti tous leurs efforts.
Il se tourna vers Aetis.
- Jamais pioché ? allez viens on va te montrer, on prend vite le coup de main tu verras.
Ils passèrent ainsi près de quatre heures à creuser sans relâche. Ils se relayaient régulièrement : l'un piochait, l'autre insufflait de la vigueur à la source, le troisième se reposait.
À la fin de la journée, ils avaient rempli leurs sacs. Après les avoir chargés sur les mektoubs, ils se reposèrent enfin et prirent le temps de manger. Le soleil était en train de disparaître sous l'horizon tandis que les premières étoiles commençaient à clignoter dans le ciel.
- Je crois que nous avons mérité notre salaire, fit Mokra.
Malgré son entraînement de guerrier, Aetis ne sentait plus ses muscles. Il n'aurait jamais pensé que creuser puisse être aussi fatigant.
- Mais le jeu en valait la chandelle, fit-il, allongé sur la sciure du désert.
- Des dappers en plus, ouais, ça fait toujours du bien, fit Mokra.
- De quoi payer le voyage ouais... laissa-t-il échapper avant de se mordre la lèvre.
Pourquoi faut-il toujours que je parle trop ? pensa-t-il.
- De quoi tu parles ? fit Eree soudain intéressée.
Il voulut se taire, mais devant le regard brûlant de curiosité d'Eree, il sut que le combat était perdu d'avance.
Il leur raconta tout, en leur faisant promettre de ne rien révéler.
- Quelle histoire ! A croire que tout Pyr te surveille depuis ton arrivée !... et tu veux vraiment te rendre là-bas ? demanda Mokra. Pouah, pour rien au monde, je ne m'y rendrais !
Eree garda le silence. Aetis se pencha vers elle.
- Tu ne diras rien, n'est-ce pas ? fit-il en priant qu'elle soit sérieuse.
Elle fit semblant d'hésiter puis répondit.
- Si tu acceptes que je vienne avec toi, je te promets de ne rien dire.
Il s'attendait à tout, sauf à ça. Il ne savait que répondre.
- Tu dis que le Matis avait du mal à trouver des Fyros prêts à travailler pour lui, insista-t-elle, il devrait donc accepter sans trop de problème tu ne crois pas ?
- …Mais… et Galeos ?
- Galeos ? Ma vie ne lui appartient pas ! J'en ai assez de creuser la sciure. j'ai envie de voir à quoi ressemble le reste d'Atys. De toute façon, d'accord ou pas d'accord, tu n'as pas le choix. Je viens avec toi, un point c'est tout !
Aetis se garda bien d'ajouter quoique ce soit, mais quand ils prirent le chemin du retour un grand sourire illuminait son visage.
Dans les locaux de la guilde des Gueules Noires, Galeos accueillit plus chaleureusement les trois sacs qui lui revenaient que la nouvelle du départ d'Eree. Il maugréa un moment mais devant sa détermination, il n'eut d'autre choix que de la laisser partir.
Lato Nivaldo ne fut guère plus difficile à convaincre.
- Mais volontiers, je suis heureux que vous ayez pu gagner des gens à ma cause, sourit l'ambassadeur une fois qu'Aetis eût fini de lui expliquer la raison de la présence d' Eree.
- Même si j'ai du mal à imaginer qu'Yrkanis puisse être une aussi belle cité que Pyr, j'ai envie de tenter l'aventure.
- Très bien, alors rendez-vous à l'autel de la Karavan au sud de Pyr. L'Hôte Karavan me connaît, il vous fournira des pactes pour la capitale des Sommets Verdoyants. Ne vous inquiétez pas, la qualité des plantes que vous m'avez apportées me permet largement de vous payer tous deux le voyage. Je préviendrai le duc de votre arrivée, il vous suffira…
En écoutant les dernières instructions de l'ambassadeur, Aetis sentit son coeur s'accélérer dans sa poitrine. Ils allaient découvrir une nouvelle région, un autre peuple. Eree et lui se regardèrent et leurs yeux brillaient d'excitation à l'idée de l'aventure qui les attendait.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeLun 14 Jan - 14:13

Histoire d'un jeune Fyros - quatrième partie
Avant d'ouvrir les yeux, Aetis et Eree prirent un instant pour retrouver leurs esprits. La téléportation Karavan n'avait pas la sensation à laquelle ils étaient habitués. L'impression d'être enveloppés les avait saisis pendant le voyage. Coupés de l'extérieur, ils n'avaient pas ressenti la dispersion de leur corps dans le réseau, comme lors des téléportations Kami. La même chaleur était pourtant née dans leur crâne et étendue à leur corps entier.
Ils ouvrirent les yeux sur la forme grise de l'autel. Un rapide coup d'oeil suffit à leur indiquer qu'ils étaient arrivés à destination. Les immenses arbres roussis par l'automne ne laissaient aucun doute. Yrkanis, la cité végétale, s'offrait aux deux jeunes Fyros.
Ils avancèrent sur le chemin le plus proche, vers le centre d'Yrkanis. Scrutant de tous côtés pour admirer l'architecture de chaque bâtiment, ils ne remarquaient pas les regards méfiants de quelques Matis.
- C'est magnifique ! s'exclama Eree. Je n'aurais jamais cru être aussi enchantée, toute cette végétation. C'est si…
- …étourdissant, termina Aetis.
Eree sourit et lui prit la main.
- Êtes-vous envoyés par l'ambassadeur Lato Nivaldo ?
Aetis et Eree se retournèrent. Un vieux Matis aux lèvres fines et figées les observait froidement.
- Oui, nous devons rencontrer le Duc Niero di Va…, commença Eree.
Le Matis la coupa sèchement.
- Bien. Suivez-moi, je vous prie !
Les deux Fyros se regardèrent, l'un et l'autre surpris de cette intervention. Le Matis était déjà parti sur un chemin sans se retourner. Avec un haussement d'épaules, Aetis lui emboîta le pas, accompagné par Eree.
- Je suis Dino Valetti, l'intendant du Duc, dit-il. Il m'a chargé de venir vous chercher et de vous amener jusqu'à son bureau.
Aetis était très agacé par leur guide. Eree, au contraire, profitait pleinement de la cité et regardait de tous côtés.
- Crois-tu que ça va marcher ? marmonna-t-il en direction d'Eree.
- Bien sûr. Notre texte nous a déjà été écrit. Il suffit juste d'être de bons comédiens, répondit-elle doucement.
Aetis sentit le trac lui nouer le ventre. Il se concentra pour se souvenir de l'entretien qu'ils avaient eu avec Partacles dans son bureau avant de partir.
- Ce que nous allons dire ici ne devra pas sortir de mon bureau. Je vous ai choisis car Di Vanochi verra en vous deux jeunes Fyros crédules et manipulables.
The Saga of Ryzom – Features -
Histoire d'un jeune Fyros - quatrième partie
Aetis fut étonné par les paroles du sénateur, mais se garda de dire quelque chose. Partacles avait l'air beaucoup moins détendu et amical que lors de leurs rencontres dans les bains.
- Di Vanochi est un homin fourbe mais très intelligent. Il faudra donc faire très attention à chacune de vos paroles !
Il quitta sa chaise pour marcher dans le bureau.
- Le Guide des Zoraïs, le Grand sage Mabreka, souhaite nous faire parvenir le Livre des Révélations, où les paroles de Ma-Duk sont consignées. Cette relique est de la plus haute importance pour nos deux peuples ! insista-t-il.
- Vous ne voulez tout de même pas qu'on le transporte nous-même ? demanda Aetis, incrédule.
- Bien sûr que non ! Je ne suis pas assez fou, dit-il avec un sourire. Je veux que vous alliez voir Di Vanochi en vous faisant passer pour deux jeunes Fyros assoiffés de dappers. Nous savons que ce Duc a eu vent de cet envoi. Mais il n'a aucune idée de la date, ni du chemin que le convoi va prendre à partir de Zora. Je veux qu'il stoppe ses recherches…il est bien capable d'arriver à ses fins.
Il marchait devant eux la tête penchée. Il semblait réfléchir tout en parlant.
- Vous allez donc la lui donner.
Sur ces mots il se tourna vers eux. Le sourire sur son visage était inquiétant.
- Pardon ? demanda Aetis, étonné.
- Vous allez lui dévoiler la bonne date, mais le chemin sera bien différent. Celui que vous lui indiquerez ne laissera qu'une seule possibilité d'embuscade… dans le défilé du Noeud de la Démence. Là, le groupe qu'il enverra aura une petite surprise. Nous aurons ensuite, je l'espère, des preuves de la culpabilité de Di Vanochi à présenter devant le roi Yrkanis. Mabreka compte aussi se débarrasser de la tribu qui agit pour le Duc. Ces mercenaires ont beaucoup contrarié les intérêts zoraïs ces derniers temps.
- Mais il ne peut pas s'en prendre à un convoi zoraï. Ce serait comme déclarer la guerre ! s'exclama Eree.
- Bien sûr que non ! Il utilise apparemment une tribu du Pays Malade. Di Vanochi est prêt à tout pour s'attirer les faveurs de la Karavan et du Roi. Il est persuadé qu'il sera un héros auprès de son peuple et qu'Yrkanis le comblera d'honneurs après ça. Cependant il préfère assurer ses arrières et ne pas prendre le risque d'être découvert.
- Mais… s'il s'aperçoit de la supercherie, nous sommes morts ! s'exclama Aetis.
- Vous n'avez pas cru que ce serait facile, j'espère ? demanda Partacles, feignant l'étonnement. Vous allez devoir vous justifier auprès du Duc, et j'ai déjà préparé cette explication pour vous. Le contact avec la guilde des Gueules Noires n'était pas anodin. Le lien étroit qu'ils ont avec les Faces Brûlées, les gardes impériaux d'élite, a permis à Galeos d'apprendre les informations dont vous disposez. Son penchant pour l'alcool vous aura dévoilé ce petit secret, dit-il souriant à Eree.
Il se rapprocha des deux Fyros.
- Vous serez grassement payés par l'empire une fois votre mission accomplie.
Il se pencha et mit ses mains sur leurs épaules. Il les empoigna avec une force redoutable.
- Mais, si vous pensez une seule seconde à me trahir, je vous promets que vous préférerez vous retrouver au milieu d'une kitinière.
Il n'avait pas haussé le ton de sa voix, mais il n'en avait pas besoin. Son regard et sa poigne montraient combien l'homin était dangereux et déterminé. Il marqua une pause, fixant les deux Fyros qui luttaient contre la douleur, et, comme si rien ne s'était passé, il reprit son sourire habituel et relâcha leurs épaules.
- Malgré tout, bon voyage ! J'espère que vous apprécierez l'exotisme d'Yrkanis. Nous nous verrons à votre retour.
Le sénateur ne laissait pas la place pour une réplique. Il s'assit à son bureau et retourna à ses affaires.
L'intendant les amena à un bâtiment circulaire un peu à l'écart des autres.
- Si vous souhaitez revenir ici, vous êtes dans le sud-est du district de Yasson, indiqua Dino Valetti. Voici le bâtiment privé du Duc.
Deux gardes étaient postés à l'entrée. Ils n'accordèrent aucune attention au passage de l'intendant et des deux Fyros.
Dino Valetti pénétra dans l'ascenseur, suivit par Aetis et Eree. Ils arrivèrent au premier étage dans une pièce lumineuse. Un Matis d'une trentaine d'année se trouvait assis à un bureau, la tête penchée sur des documents. Les deux Fyros entrèrent dans la pièce, et, sans un mot, l'intendant referma l'ascenseur. Il laissait ainsi les deux jeunes homins seuls avec celui qui semblait être le Duc.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeLun 14 Jan - 15:02

Histoire d'un jeune Fyros - cinquième partie
Aetis et Eree se sentaient mal à l'aise. Le Duc n'avait pas encore levé la tête de ses documents.
- Excusez-moi, nous…
- Un instant ! interrompit le Matis.
Le silence retomba dans la pièce. Les deux Fyros étaient toujours devant l'ascenseur et se jetaient des regards inquiets.
Finalement, le Matis mit les documents de côté et releva la tête. Il fixa longuement les jeunes Fyros devant lui.
- Bienvenue à vous, fit-il avec un sourire. Je suis le Duc Niero di Vanochi. Je suis vraiment désolé, mais ma fonction m'oblige à m'occuper de paperasserie assommante et bien souvent j'en oublie la politesse.
Il se leva sur ces paroles. Et d'un grand geste les invita à prendre place sur les deux chaises devant son bureau.
- Approchez, approchez. L'ambassadeur a fait vos éloges dans son dernier courrier. Vous avez fait de l'excellent travail avec ces herbes. Heureusement, car la viande de yubo est tellement fade sans elles.
Il se rassit en même temps qu'eux.
- Lato m'a dit que vous voudriez rester quelque temps ici, c'est ça ?
- Oui, mais l'argent… commença Aetis.
- …est toujours un problème ! s'exclama Di Vanochi. Ne vous inquiétez pas, j'ai quelques missions pour vous. Oh, rien de bien méchant, en général de la récolte de matières premières puisque vous y excellez.
Il fixa les deux homins qui étaient à nouveau mal à l'aise.
- Qu'y a-t-il ? Vous paraissez soucieux. Pourtant Lato m'a bien dit que vous rêviez de venir ici.
- C'est-à-dire que… commença Aetis incertain.
Le Duc se pencha en avant, soudain plus intéressé.
- Oui ?
- Eh bien, nous ne sommes pas là pour gagner quelques dappers avec des petites missions, continua Aetis.
- Comment ?! Je vous fais l'honneur d'être les premiers Fyros à travailler pour moi. Je vous fais confiance et vous me crachez au visage ? rugit Di Vanochi.
- Pas du tout, se hâta de dire Eree. Nous serions honorés d'accomplir ces missions pour vous. Mais nous avons quelque chose de beaucoup mieux que des herbes à vous offrir.
Le visage du Duc perdit le rouge qui l'avait coloré pendant quelques instants. Il avait maintenant retrouvé son calme et son sourire.
- Racontez-moi.
- Nous voulons être payés cinq cent mille dappers. Nous ne vous dirons rien avant, dit Eree.
- Vous voyez, certaines de mes affaires ne concernent pas la couronne. Je ne peux pas sortir une telle somme de mes fonds personnels pour une information dont j'ignore la nature, dit-il le regard triste.
Il se leva et se dirigea sur la droite de son bureau.
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Histoire d'un jeune Fyros - cinquième partie
- Il me faudra beaucoup plus qu'une simple promesse pour vous donner cette somme, dit-il en croisant les bras. Racontez-m'en un peu plus, je déciderai si ça en vaut la peine.
Aetis regarda Eree. Tous deux paraissaient aussi incertains l'un que l'autre.
- J'ai pu obtenir des informations sur un important convoi zoraï qui va partir pour Pyr, avoua Eree.
- Pourquoi venir me voir ?
- J'ai entendu dire que ce genre d'informations vous intéressait. Ma rencontre avec Aetis a été l'occasion inespérée d'en tirer profit.
Le Duc semblait douter des propos d'Eree.
- Le seul problème, c'est que j'en sais déjà beaucoup sur ce convoi. De quelles informations disposez-vous ?
À nouveau, les deux Fyros se regardèrent, chacun attendant que l'autre fasse le premier pas. L'impressionnant Duc ne leur laissait pas le choix.
- Nous connaissons la date du convoi, ainsi que le chemin qu'ils vont prendre.
- Et puis-je savoir comment deux jeunes Fyros, sans expérience, sans relations, sans dappers et sans loyauté ont pu entrer en possession d'une information que mes meilleurs agents cherchent en vain ?
Il s'était retourné. Son sourire avait disparu, il scrutait leur réaction.
Eree ne perdit pas son sang-froid.
- J'ai des relations figurez-vous ! fit-elle en montant le ton de sa voix. Je suis membre de la guilde des Gueules Noires !
- Félicitation ! répondit le Duc, un faux sourire aux lèvres. Mais je ne vois toujours pas comment un insecte connaît ce secret.
Aetis commença à se lever. Il en avait plus qu'assez des manières du Duc.
- Si vous souhaitez survivre à cette journée, je vous conseille de vous rasseoir, jeune homin.
Il n'avait pas bougé, mais son regard força Aetis à se rasseoir.
- Désolé de cette interruption, continuez s'il vous plait, demanda-t-il à Eree, impatient.
- Ma guilde est étroitement liée à celle des Faces Brûlées, les gardes d'élites impériaux. Mon chef de guilde est au courant de toutes leurs missions, celle-ci n'a pas fait défaut. Il entretient aussi des bonnes relations avec l'alcool de shooki et il s'en est trop vanté auprès de la mauvaise personne…
Eree lui fit un sourire ironique. Di Vanochi, lui, ne bougeait pas. Il la regardait, cherchant le moindre signe de faiblesse.
- Je ne vous crois pas… commença-t-il.
Un frisson parcourut l'échine d'Aetis.
- … mais étant donné que je n'ai pas d'autres sources d'informations pour le moment, je vais essayer de vous faire confiance.
Son sourire n'avait rien de rassurant.
- Je vous écoute, que savez-vous ?
- L'argent d'abord, dit Aetis qui avait retrouvé son calme.
- Vous avez compris, je pense, que je crois que vous me mentez. J'espère alors que vous comprendrez combien je suis généreux dans mon offre. Je vous propose donc deux cent mille dappers tout de suite et cinq cent mille supplémentaires si l'information se révèle juste.
- Mais c'est plus que ce que nous vous demandions ! s'étonna Eree.
- Je sais. C'est juste un petit encouragement pour vous aider à me donner la bonne information… mais si vous avez besoin de plus d'encouragements, mes gardes seront heureux de vous les fournir.
Il retourna à son bureau et prit une petite cloche. Il l'agita rapidement et tout de suite, Dino Valetti entra dans la pièce.
- Oui, mon Duc ? demanda-t-il.
- Rapportez-moi un sac de deux cent mille dappers, rapidement, ordonna le Duc.
L'intendant partit sur-le-champ. Le Duc resta là, fixant les deux homins sans lâcher un mot.
Quelques instants après, l'intendant revint tenant un sac dans la main. Il le posa sur le bureau du Duc et sortit aussi rapidement qu'il était entré.
- Voilà votre argent. Prenez-le, dit le Matis en montrant le sac.
Aetis se leva et saisit la bourse.
- Maintenant, racontez-moi tout, fit-il, souriant.
Eree exposa alors toutes les informations dont ils disposaient.
- Je pensais bien que ces sournois passeraient par le portail. Ils espèrent gagner Pyr le plus rapidement possible.
Le Matis déroula une carte d'Atys sur son bureau.
- C'est ici qu'il faut tendre l'embuscade.
Il pointait son doigt sur le défilé du Noeud de la Démence.
- Vous aimez voyager et découvrir des nouvelles cultures n'est-ce pas ?
Les deux Fyros le regardaient, incrédules.
- Magnifique ! dit-il sans attendre la réponse. Vous allez donc organiser cette attaque pour moi !
- Comment ? Nous ? Mais…
- Bien sûr, l'un de mes gardes les plus fidèles vous accompagnera… Car si vous m'avez trompé, je vous veux morts dans l'instant.
Il n'avait pas levé les yeux de la carte. Ces derniers mots avaient été dits avec une désinvolture effrayante.
- Pardon ? s'étonna Aetis.
- Assez discuté ! Vous devez partir dans l'heure. Vous avez un long voyage à faire. Natto ! cria-t-il. Natto vous accompagnera sur le territoire zoraï et veillera à votre… sécurité. Vous allez ici, dans le Bosquet de l'Ombre.
Les deux Fyros se retournèrent pour voir le guerrier matis qui venait de rentrer.
- Je vous présente Natto, le chef de ma garde.
Le Matis les salua d'un signe de tête.
- Vous allez rencontrer une sympathique tribu qui a déjà… travaillé pour moi : les Antekamis, continua le Duc. Natto sera là pour veiller au bon déroulement des transactions. Ils devront attaquer le convoi. Le butin sera divisé en deux : le pillage pour eux et le Livre pour vous. Natto, tu me le rapporteras immédiatement, accompagné, je l'espère, de nos deux amis. Vous avez peu de temps, partez maintenant.
Natto les invita à sortir de la pièce d'un mouvement du bras.
Les instants qui suivirent furent consacrés à la préparation du voyage.
- Nous utiliserons des pactes Karavan pour nous rendre au Bosquet de l'Ombre. Là nous aurons une journée de marche jusqu'au camp de la tribu, avec de la chance.
Le Matis parlait tout en marchant. Les maigres provisions qu'ils emportaient n'avaient pas pris longtemps à être achetées.
Ils se dirigeaient maintenant vers l'autel Karavan.
Aetis et Eree n'avaient eu que peu de temps pour visiter la magnifique cité matis. Ils avaient profité de chaque instant, les yeux grands ouverts. Cette courte visite leur avait permis d'oublier un peu leur mission.
Le guerrier matis, qui avait semblé tellement froid au premier abord, leur expliquait des détails historiques à propos de la ville.
- Je sais que vous voudriez visiter un peu plus Yrkanis, mais nous avons trop peu de temps devant nous. Vous aurez largement de quoi profiter de la ville à notre retour. Je crois de toute façon que vous devrez rester ici. En tout cas, loin des Kamistes.
Il avait le visage plus souriant que dans le bureau de Di Vanochi.
- Nous y voici. Attendez-moi ici, je vais parler à l'Hôte Karavan.
Les deux jeunes Fyros restèrent à distance, tandis que Natto se dirigeait vers l'Hôte.
- Ça marche jusqu'à présent, dit Aetis.
- En effet, je pense qu'il nous fait confiance, acquiesça Eree
- Dommage qu'il faille le trahir…
Les deux Fyros se regardaient tristement.
- Qu'y a-t-il vous deux ? demanda Natto en revenant. N'ayez pas peur. Les terres zoraïs où nous allons sont hostiles, mais j'ai l'habitude d'aller là-bas. Il n'y aura pas de problème.
- Nous sommes prêts, lui dit Aetis, sans joie.
- Vous avez encore des doutes sur vos actes, c'est ça ? Écoutez, il faut faire des choix dans la vie. Vous avez déjà fait le vôtre. Vous ne pouvez plus reculer quoi qu'il arrive. Alors acceptez-le et vivez ce que vous avez décidé de vivre !
Aetis se sentit d'autant plus abattu par les paroles du Matis. Il tenta tout de même de sourire.
- Tu as raison. Nous allons vers un nouveau pays. J'aurais vu plus de choses en une journée que dans toute ma vie.
Le Matis éclata de rire.
- Voilà ! C'est beaucoup mieux. La téléportation est faite pour ça !
Il leur donna à chacun leur pacte.
- Avant de le briser, je veux que vous preniez en compte certaines règles. Vous marchez où je marche, vous parlez quand je vous dis de parler, vous obéissez sans discuter à mes ordres et vous ne jouez pas les héros. Je peux compter sur vous ?
Eree et Aetis acquiescèrent tous les deux.
- Très bien. Alors, allons-y !
Il écrasa le pacte dans sa main et disparu dans l'instant qui suivit.
- Il a raison, nous ne pouvons plus reculer, dit Eree.
Elle brisa son pacte et s'évanouit à son tour.
- Alors… allons-y.
Cette fois le voyage s'était mieux passé. Ignorant le léger mal de tête, Aetis ouvrit les yeux.
Plusieurs bêtes étranges l'observaient. Elles étaient rondes et énormes. Leurs yeux globuleux jaunes étaient braqués sur lui. L'une des bêtes commença à s'approcher. Elle avait une longue trompe d'où sortaient des petites langues de feu. Aetis mit instinctivement la main sur la garde de son épée.
La main de Natto le retint.
- Ne t'inquiète pas, il est juste curieux. Les wombaïs sont doux comme des agneaux, si on ne les énerve pas. Il est même arrivé que certaines tribus zoraïs arrivent à les utiliser comme montures !
Le wombaï était devant lui et commença à renifler sa tunique du bout de la trompe. Natto l'écarta doucement. L'animal hésita puis se retourna pour rejoindre ses congénères.
Aetis regarda autour de lui. Ils se trouvaient devant l'autel Karavan, au beau milieu d'une plaine.
- C'est ça le pays zoraï !? s'exclama-t-il.
Eree elle aussi avait l'air déçue.
- Je croyais que c'était une jungle.
- À part l'herbe, on se croirait dans le désert, confirma Aetis.
- C'est normal, ici nous sommes dans les bordures du pays. Cela permet aux Karavan de mener les tests dont ils ont besoin sur la Goo. Ils n'ont pas la même réaction que les Kamis face à la maladie, ils pensent que son étude permettra son contrôle et donc son éradication. C'est mieux que de courir et d'appeler à l'aide les homins. Vous iriez combattre ça si un Kami vous le demandait ?
Il se tourna et pointa du doigt vers l'horizon. Aetis vit alors la maladie qui rongeait le pays. Une mer mauve s'étendait aux bordures de la plaine. Des vapeurs s'échappaient de la terre en la consumant. L'odeur était insupportable, même à cette distance.
Aetis mit instinctivement la main sur sa bouche et son nez.
- Ne t'en fais pas, même si toutes les vapeurs sont toxiques, à cette distance, nous ne risquons rien. La Goo n'infecte les homins que lorsqu'elle est concentrée ou lors d'une exposition prolongée. Nous avons une certaine résistance à sa puissance de destruction.
Aetis s'avança pour mieux voir. Natto l'empoigna rapidement.
- Tu ferais mieux de ne pas t'approcher plus, il arrive que les sources de Goo soient sous terre et surgissent lorsque l'on passe au-dessus. Il semblerait que cette chose, quoi qu'elle puisse être, soit intelligente.
Nous ferions mieux de partir d'ici, plus on est loin d'elle, mieux on se porte.
Ils s'éloignèrent de l'autel et se dirigèrent vers l'ouest.
- La région est très dangereuse, il n'y a pas que des wombaïs ici. On croise des kitins de temps en temps, et il y a les bandits. Le pire, bien sur, ce sont les gibbaïs qui se promènent un peu partout.
Le Matis marchait d'un pas rapide.
- Il n'y a pas une grande distance jusqu'au camp, mais je préfère m'éloigner de la Goo, nous devrons faire quelques détours.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeLun 14 Jan - 15:04

Histoire d'un jeune Fyros - sixième partie et fin
Comme l'avait dit Natto, ils durent souvent s'arrêter pour choisir un autre passage. Plusieurs fois, ils rebroussèrent chemin pour éviter des groupes de gibbaïs, facilement repérables avec leur fourrure bleu nuit. Ils purent même apercevoir un primitif rouge. Il était beaucoup plus grand que les autres et ses poils dressés lui donnaient un aspect enflammé.
- Celui-ci est appelé Gibbakya par les Zoraïs. Il dirige les dégénérés de la région. Je me suis déjà frotté à lui, croyez-moi, il vaut mieux partir.
Le primitif leva la tête et se mit à renifler autour de lui.
- Dépêchez-vous, je crois qu'il nous a repérés.
Ils marchèrent longtemps sans dire un mot. Ils virent enfin de loin le mauve caractéristique de la terre malade.
- Je croyais que vous vouliez vous éloigner le plus possible de la Goo, demanda Eree.
- Ce que vous voyez, même si elles ont la même couleur que la Goo, sont les tentes du campement de la tribu des Antekamis. C'est la teinte traditionnelle chez les Zoraïs. Je ne sais pas pourquoi ils l'ont gardé s'ils haïssent tellement leur peuple. Ces fous vont même jusqu'à mutiler leur masque pour défier les Kamis. Ils ne gardent que le strict minimum, sans cela, ils ne pourraient survivre.
- Comment ça ? Ce n'est qu'un masque, les Zoraïs le gardent pour être liés aux Kamis.
Aetis n'avait jamais eu trop d'échange avec les Zoraïs. Il voyait ce masque comme un snobisme religieux.
- Bien sûr que non ! répondit le Matis. Le masque Zoraï est fixé à l'âme par la magie Kami. Le retirer, ce serait perdre son essence vitale. Rien qu'en arracher des morceaux, c'est déjà de la folie pure ! Les Antekamis n'ont plus aucune branche à leur masque. Ce qu'il reste sont les parties qu'ils n'ont pas pu retirer. Dépêchez-vous, nous avons pris du retard.
Ils s'approchèrent des tentes. Immenses, elles avaient été fabriquées avec des matériaux riches et onéreux. Les trois compagnons s'avancèrent prudemment, Natto en tête. Quatre Zoraïs apparurent au coin de la première tente, leur barrant le passage. Chacun était armé d'une longue pique. Aetis jeta un regard derrière lui. Quatre autres Zoraïs se tenaient derrière eux, empêchant une retraite.
- Ne vous inquiétez pas, dit le Matis, ils m'ont reconnu. Le chef ne va pas tarder à venir.
Aetis et Eree ne se sentaient pas plus rassurés pour autant. Les Zoraïs se rapprochaient, leurs piques menaçantes baissées à mi-hauteur.
- Je me nomme Natto, cria-t-il. Je souhaite parler à Pei-Jeng Luun.
- Et je suis là, mon ami.
Les quatre gardes devant eux s'écartèrent pour laisser place à un autre Zoraï. Plus petit, il se déplaçait cependant avec plus d'assurance. Derrière son masque, son regard n'avait pas le mystère des autres Zoraïs qu'Aetis avait déjà rencontrés. Il était ordinaire, presque vide.
- Bienvenue. Nous apportes-tu à nouveau quelques divertissements ? demanda-t-il.
- Oui, une nouvelle faveur pour le Duc. J'ai ramené l'habituelle compensation.
- Et eux ?
Il pointa du doigt Aetis et Eree.
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- Le Duc veut être sûr de leur… loyauté.
- Je vois.
Il détourna le regard des deux Fyros qui avaient peu d'importance à ses yeux.
- Combien nous apportes-tu cette fois ? demanda le chef de tribu.
- La somme habituelle : trois cent mille dappers.
- La somme habituelle a doublé, mon ami. La dernière mission a coûté la vie à sept des membres de ma tribu.
Le Matis ne semblait pas étonné.
- Le Duc pensait bien que vous voudriez un supplément. Il a donc prévu cinq cent mille dappers de plus après la mission. Et il y a la petite prime de servir vos intérêts aussi.
Le chef de tribu scrutait le Matis.
- Nos intérêts ? Tu vas devoir t'expliquer, mon ami.
- La mission consiste à attaquer une procession zoraï pour récupérer le précieux Livre des révélations.
- Où est le piège ? Le Duc n'a jamais été généreux. Pourquoi ce soudain changement ? demanda Pei-Jeng Luun.
- Disons qu'il est très désireux de voir cette mission menée à bien, comme vous j'en suis sûr. Voyez cela comme une prime pour vos précédents services.
- C'est une grande nouvelle. Nous allons frapper nos ennemis au coeur. Une grande fête aura lieu ce soir, nous partirons demain.
- Non, dit sèchement Natto. Nous devons partir au plus tôt. Il nous faut être au défilé du Noeud de la Démence demain à la tombée de la nuit pour l'attaque.
- Il sera fait selon tes désirs.
Le chef de la tribu se tourna vers une Zoraï, près de lui.
- Pingi, ma fille, tu prends le contrôle de la tribu en mon absence. Je veux une trentaine de guerriers prêts à partir dans l'heure. En attendant, vous pouvez vous restaurer dans ma tente, dit-il à Natto.
Il les invita à le suivre. Les gardes étaient déjà partis se préparer.
La nuit venait de tomber. La tribu Zoraï avait forcé le pas toute la nuit précédente et ils étaient arrivés au défilé dans l'après-midi. Seuls les éclaireurs n'avaient pu prendre de repos.
Toute la tribu était prête au combat. Ils s'étaient disposés tout autour du défilé afin de ne laisser aucune porte de sortie. Ils attendaient depuis plus d'une heure, et aucun signe de la procession. Les deux Fyros commençaient à s'inquiéter.
Ils étaient restés en haut de la falaise, Natto avec eux. Dès que l'attaque commencerait, Aetis savait qu'il devrait agir vite et tuer le Matis. Malgré la sympathie qu'il avait pour lui, il savait que Natto était trop fidèle au Duc pour les laisser partir en vie.
Aetis distingua difficilement deux éclaireurs de la tribu. Ils revenaient faire leur rapport à Luun. Cela ne dura que quelques instants. Le chef se tourna alors vers Natto et lui fit des signes rapides.
- Ils arrivent. Juste dix gardes et deux chariots, ils seront là dans quelques instants. Dix gardes ? Impossible ! Pourquoi ont-ils protégé un convoi d'une telle importance avec seulement dix gardes ? dit Natto, soucieux.
Il doute, pensa Aetis. Le moment est proche.
Quelques minutes s'écoulèrent dans un silence total. Aetis ne voyait plus du tout les Zoraïs en bas. Puis, la lumière des torches transforma le défilé petit à petit. La couleur orange effaçait le sombre noir sur les rochers.
Les premiers gardes zoraïs étaient visibles, portant chacun une torche. Il n'y avait effectivement que dix gardes. Ils entouraient deux chariots tirés par des mektoubs.
Les gardes étaient lourdement armés et épiaient chaque recoin du défilé.
Ils arrivèrent rapidement au niveau de l'embuscade. Les Antekamis se déplaçaient silencieusement à couvert pour se mettre en position d'attaque.
Juste au moment où la tribu allait engager le combat, une lumière bleue apparut dans le premier chariot. Tous les Antekamis s'arrêtèrent, déconcertés. Le toit du fourgon explosa. Un magicien zoraï se trouvait au milieu. Les particules magiques couraient encore le long de ses amplificateurs. Autour de lui, trois autres Zoraïs se levèrent à leur tour. Le deuxième chariot explosa alors. Dans celui-ci un magicien Fyros se tenait debout. Quatre autre Fyros étaient déjà descendus du chariot en sautant pendant l'explosion. Aetis ne les avaient jamais vus auparavant, mais il savait qu'il s'agissait des Faces Brûlées, la garde d'élite. Ils se dirigeaient en courant vers les Antekamis encore abasourdis par l'effet de surprise. Le premier tomba rapidement d'un coup d'épée.
Pei-Jeng Luun reprit alors ses esprits et ordonna l'attaque. Malheureusement pour les Antekamis, les Kamistes étaient trop organisés. Les guerriers zoraïs protégeaient férocement les chariots d'où les magiciens lançaient leurs incantations. Les tireurs de la tribu furent les cibles principales des rapides guerriers fyros.
Aetis ne vit pas la suite du combat. Il avait été tellement étonné qu'il en avait oublié Natto. D'un violent revers de la main, le Matis l'envoya au sol. Eree tenta d'attaquer le guerrier dans le dos, mais il bloqua sa main et fit tomber sa dague dans le défilé. De son autre main, Eree essaya de le frapper, mais le Matis était beaucoup plus rapide. Il lui brisa le poignet gauche avec une facilité déconcertante. Elle lâcha un cri de douleur avant d'être jetée au sol.
Natto se retourna vers Aetis qui se remettait sur pied.
- Je vous ai fait confiance, traîtres, rugit-il.
Il avait sorti son épée.
- Nous sommes restés fidèles à notre peuple, et aux homins.
Aetis fit de même avec son arme.
- Restés fidèles aux homins ? Vous vous faites manipuler et agissez comme des pantins !
Il lança une première attaque. Aetis savait qu'il ne pouvait pas lutter contre la force du Matis et s'écarta. La lame passa à quelques centimètres de lui.
- Pourquoi chercher à tout prix le conflit ? Les peuples sont en paix et le Duc cherche la guerre.
Il attaqua à son tour. Il visa le cou du Matis avec un coup rapide. Mais le guerrier avait de l'expérience. Il bloqua l'attaque et tendit la main pour prendre la garde de l'épée d'Aetis. La force brute parla et Natto envoya le Fyros au sol d'un coup d'épaule.
- Les peuples ne seront jamais en paix ! Cesse de te voiler la face !
La pointe de sa lame touchait la gorge d'Aetis. Celui-ci sentit le sang commencer à couler le long de son cou.
- Misérable serviteur de démons, tu n'aurais pas dû t'attaquer à plus fort que toi.
Un roc lui arriva alors en plein visage, écrasant son nez dans un bruit d'os brisés. Aetis tourna la tête. Eree était debout, elle tenait son bras et faisait une grimace de douleur.
Natto poussa un grognement. Il avait lâché son épée et tenait son visage en sang. Aetis n'attendit pas plus longtemps et décrocha un violent coup de pied dans le torse du Matis. Celui-ci fut projeté par la violence du coup inattendu. Il recula de quelques pas et son pied heurta le bord de la falaise. Il disparut dans un cri effroyable.
Aetis se remit debout et s'approcha du défilé. Natto était en bas. Un des guerriers zoraïs s'approcha avec une torche. Le corps du Matis était déformé tel un pantin désarticulé et le sang maculait les rochers en dessous de lui.
Le Zoraï releva la tête et fit signe aux deux Fyros de descendre.
Les Kamistes n'avaient eu aucune perte. Un seul Antekami avait été pris vivant. Le reste de la tribu avait été décimé. Les magiciens soignèrent les blessures des deux Fyros et les installèrent sur l'un des chariots.
- Nous retournons vers Zora. Mabreka veut vous remercier, Vous avez fait du bon travail. Le voyage va prendre quelques temps, profitez-en pour vous reposer.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeVen 18 Jan - 13:24

Histoire d'un jeune Corsaire - première partie
L’eau était fraîche, mais les poissons ne semblaient pas s’en soucier. Ils ondoyaient dans un ballet coloré, sans qu’un son ne soit détecté par une oreille homine. Chacun d’eux semblait savoir exactement où se placer, où se diriger, si bien que leur danse était à chaque instant gracieuse, comme si elle avait été répétée des dizaines et des dizaines d’années. Le jeune Bremmen O’Derry les observait. Il avait toujours été un fier Tryker, et par-dessus tout, un guerrier acharné lorsqu’on en venait au maniement de la Flunker… mais il n’avait jamais rien découvert de plus beau que les spectacles de la nature, comme ceux des bancs de poissons dans ses lacs bien-aimés.
Des vaguelettes se formèrent à la surface, et la seconde suivante, tous les poissons avaient disparu de son champ de vision. Il tourna la tête et vit une patrouille de Trykers se déplaçant dans l’eau à une vitesse hors du commun. Il les reconnut immédiatement : c’étaient les Corsaires. Ils patrouillaient souvent dans le Lac de la Liberté, jamais inquiétés à l’idée de gagner à la nage les îles les plus reculées où ils s’occupaient de taches intéressantes et utiles, c’est sûr… Du moins était-ce ce que Bremmen pensait. Son père avait souvent évoqué son passé, sa jeunesse dans la tribu des Corsaires. Ca l’avait formé, physiquement et mentalement ; ce n’était pas très loin d’un service militaire en fait… sauf qu’ils n’offraient pas réellement leurs services à la Fédération.
Mais le temps de penser et de rêver peut être long. Lorsque Bremmen posa à nouveau ses yeux sur le lac, ils avaient déjà disparu au loin. Il se dressa d’un bond et plongea. Il devait les suivre, il voulait les suivre et rejoindre leur tribu. Tant de jeunes Trykers avaient déjà franchi le cap… et ils étaient si impressionnants à ses yeux, avec leurs deux ou trois ans de plus, et le respect que tous leur témoignaient, y compris lui, lorsqu’ils avaient la chance de les rencontrer. Mais Bremmen pouvait à peine respirer à une si vive allure, et la patrouille ne l’avait même pas aperçu, continuant sur sa lancée. Perdu, au milieu des Lacs, il tenta de rejoindre la première île qu’il vit afin de reprendre son souffle. Ses poumons le brûlait, comme lorsque son grand père lui avait proposé de fumer la pipe.
- Je veux essayer ! dit Bremmen à son grand-père.
- Bien-sûr, vas y. Avait-il répondu en lui tendant la pipe.
Il avait placé l’objet entre ses lèvres, aspiré un peu de fumée dans la bouche et l’avait recrachée.
- Pas comme ça ! Inspire ! Avait dit le grand-père.
Il avait essayé une fois encore, inspirant d’un coup avant de tousser aussi sec, et de s’étouffer sur place. Et Bremmen n’avait jamais retenté l’expérience… Mais aujourd’hui il avait l’impression d’avoir fumé et de s’être étouffé pendant des heures. Les Corsaires étaient de bons nageurs… sans doute même les meilleurs d’Atys ! Et il ne pouvait plus les voir maintenant. Les poissons avaient repris leurs places originelles et dansaient comme si rien ne les avait jamais troublés.
Bremmen se redressa une nouvelle fois, et escalada le pic escarpé qui se trouvait au milieu de l’île sur laquelle il s’était retrouvé. Du sommet, il pouvait jouir d’une magnifique vue du Lac de la Liberté… et de son île qui était en fait une sorte de longue falaise coincée entre deux petites plages. Du versant ouest, il put observer un objet flottant lumineux qu’il n’avait jamais vu à Fairhaven. C’était à moins de 400m de lui, mais cela restait trop loin pour qu’il arrive à distinguer précisément ce dont il s’agissait. Il regarda alors le ciel, et sourit. D’après ses calculs, il s’agissait à n’en point douter du camp des Corsaires… finalement.
Bremmen dévala la pente, du côté ouest, et regagna la plage. Il n’était plus qu’à quelques brasses de son but maintenant. Il respira plusieurs fois, longuement, pour se préparer, et plongea à nouveau, nageant aussi vite que possible pour faire bonne impression aux Corsaires. Malheureusement, il ne
conserva ce rythme que sur 250m… Et termina rouge comme les poissons qu’il avait observé plus tôt, reprenant honteusement son souffle comme un Bodoc.
Il n’osa pas se redresser et regarder autre chose que le sol, comme si cela avait pu lui épargner le regard pénétrant de Codgan Be’Yle. Il fut soulagé lorsqu’il releva la tête, ayant l’impression que personne ne l’avait remarqué… En fait, il avait mis tant de temps à reprendre sa respiration qu’ils s’étaient trouvé d’autres occupations plus intéressantes que de l’examiner.
Bremmen se recoiffa rapidement de ses mains, et s’avança de manière assurée vers le plus proche Corsaire.
- Bonjour, dit-il à l’hôte d’accueil.
- Bonjour mon jeune enfant.
- Jeune enfant ? Je ne suis plus un jeune enfant depuis longtemps ! Je suis un jeune homin, courageux et intrépide !
Bremmen avait laissé sa Flunker glisser dans son dos pour impressionner l’hôte.
- Les homins courageux et intrépides ne prennent généralement pas cinq minutes à reprendre leur souffle, encore moins quand ils nagent lentement... et peu de temps… Peu importe, je m’appelle Codgan Be’Yle. J’accueille les gens qui rendent visite aux Corsaires. Que puis-je faire pour toi ? Essaie d’être prompt, j’ai encore beaucoup à faire…
Bremmen piqua un fard comme jamais. Mais c’était sa seule chance, alors il ne releva pas et essaya d’enchaîner.
- Je m’appelle Bremmen O’Derry. Je suis le fils d’Arty O’Derry, vous le connaissez ?
- Non.
- Mais il était un Corsaire il y a quelques années.
- Ecoute, mon garçon, il y a tellement de jeunes Trykers qui viennent et servent notre cause chaque jour, et qui nous quittent quelques années plus tard… que je ne risque pas de me souvenir de chacun d’eux.
Bremmen s’empêcha de laisser libre court à sa colère lorsque Codgan l’appela “mon garçon”.
- Je suis venu de la lointaine ville de Fairhaven pour vous rencontrer et m’engager chez les Corsaires. Ma Flunker est à votre service si vous acceptez de m’enroler.
Codgan se mit à rire.
- Bien, bien. Trouve Derren Be’Lauppy alors. Il a sans doute quelques missions à te confier. Reviens après l’avoir aidé… peut-être que j’aurai trouvé quelque chose d’autre pour t’occuper.
- D’accord ! Qui est-il ? demanda Bremmen en observant les homins du camp.
- Il n’est pas là. Derren est un éclaireur. Il devrait se trouver dans les Vents du Songe.
- Les Vents du Songe ? Mais c’est très loin ! Et dangereux, n’est-ce pas ?
- Pas pour un homin courageux et intrépide. Tu ne pensais tout de même pas que j’allais te dire « bienvenue » juste parce que tu aurais parcouru la petite distance qui sépare Fairhaven de notre camp ? Maintenant, vas-y et ne reviens pas avant d’avoir prouvé que tu pouvais être utile.
Bremmen resta bouche-bée. Un test… bien sûr… ou peut-être que l’hôte était trop occupé pour s’occuper seul de tous les jeunes Trykers… Cela importait peu ! Bremmen allait se rendre là-bas et débusquer l’éclaireur.
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeVen 18 Jan - 13:29

Histoire d'un jeune Corsaire - seconde partie
Trois jours s'étaient déjà écoulés depuis que Bremmen avait pris congé auprès de l'hôte du camp. Il avait atteint les Vents du Songe la nuit précédente et y avait rencontré bien des Trykers... Tous de la tribu des Sculpteurs de Vase... Et aucun d'eux n'était capable de lui dire où Derren Be'Lauppy pouvait bien se trouver... mais au moins, il pouvait dormir dans une tente en attendant de mettre la main sur lui. Sa Flunker lui était d'un grand secours dans la région afin de chasser quelques cloppers et éviter de mourir de faim grâce à leur viande. Il ne craignait pas non plus de mourir de soif : il ne risquait pas de boire toute l'eau du lac. Mais il devait impressionner les Corsaires, aussi il continuait à chercher l'éclaireur à chaque instant.
Il passa ainsi cinq jours. La sixième nuit, tandis qu'il consultait sa carte et inscrivait des croix sur les derniers endroits qu'il avait fouillés, il réalisa qu'il s'était rendu tout bonnement partout, et était quasiment certain que Codgan, l'hôte des Corsaires, s'était moqué de lui... Il décida de rentrer au camp afin de lui dire ce qu'il pensait de son attitude déloyale. Il se fraya un chemin à travers les Cloppers, en les tenant à bonne distance grâce à sa Flunker - il avait beaucoup progressé dans cette discipline, sans le réaliser – quand il vit un homin qu'il n'avait jamais rencontré, juste derrière une meute de Ragus. Celui-ci se promenait tranquillement et prenait des notes en observant les alentours. Etait-ce un heureux hasard de la dernière heure ? Il se précipita vers l'homin et engagea la conversation :
- Bonjour ! Ne seriez-vous pas Derren par hasard ?
- Salut jeune homin, répondit-il en opinant avec un sourire.
Bremmen fut tellement réjoui qu'il ne pensa même pas à demander à Derren où il avait traîné les jours précédents. En réalité, sa fonction d’éclaireur le forçait à se déplacer en permanence pour observer la faune, le comportement des créatures, les avant-postes, les groupes de voyageurs... Ils se présentèrent l'un l'autre. Le Corsaire était particulièrement sympathique, ouvert d'esprit et prêt à beaucoup partager avec quiconque Codgy lui enverrait. Cela d'ailleurs se produisait de plus en plus souvent car la tribu séduisait les jeunes Trykers. La servir promettait beaucoup d'action, d'aventure, et au par dessus tout, la maîtrise des tactiques de guerrilla. Mais Bremmen devrait attendre un peu plus longtemps pour profiter de tout cela. Pour l'instant, il n'avait qu'une mission à remplir : observer les Cutes de la région, et noter l'emplacement de leurs groupes.
Notre jeune homin se déplaça dans les environs, et tenta de localiser les Cutes. Il avait tellement progressé avec sa Flunker que cela ne lui pris que trois jours. Le seul endroit où il n'avait pas encore repéré les Cutes était la Route des Vents. Il l'avait gardée pour la fin, car d'expérience maintenant, il savait qu'elle était beaucoup plus dangereuse que les autres. Les Ragus fulminants qui y rôdaient étaient une vraie plaie pour lui, et il avait eu bien du mal à survivre la dernière fois qu'il s'y était rendu. Il s'avança prudemment en se fondant dans un troupeau de Gnoffs, puis s'aplatit contre le sol pour ramper entre les plantes. Il gardait à chaque instant le sens du vent à l'esprit, afin d'éviter qu'un prédateur ne puisse le sentir de loin, et se dirigea ainsi vers les lacs du sud où il serait en sécurité.
Finalement, il y parvint sain et sauf. Il examina les environs et remarqua quelques groupes de Cutes. Il prit leur direction afin de les observer, et se camoufla dans la flore pour noter leur position sur sa carte. Il avait les yeux rivés sur l'un d'eux et étudiait son comportement quand un cri lui glaça les chairs : un autre Cute revenait près du groupe et Bremmen était pile sur son chemin. Il saisit sa Flunker et tira plusieurs fois sans broncher aux coups que lui portait la créature. Moins d'une minute plus tard elle gisait à ses pieds ; de son côté, notre Tryker était sérieusement blessé car il était plutôt habitué au combat à distance.
Mais le danger n'était pas écarté : quand il se retourna, il vit un énorme Cute qui le menaçait en ouvrant largement les bras. Il avait l'air plus développé que les autres, mais Bremmen ne réfléchit
pas. Il était trop blessé et ce Cute le terrifiait, aussi il se précipita vers l'eau. La créature s'arrêta sur le rivage, et croisa le regard du Tryker. «Ils sont comme les Ragus» pensa-t-il. «Ils ne savent pas nager, et ont peur de se noyer. Donc ce sont plus des animaux que des homins...» Bremmen sortit de l’eau de l’autre côté, et retourna auprès de Derren. Il avait absolument tout consigné au sujet de la position des groupes de Cutes, et commençait déjà à se faire une joie à l’idée de devenir un Corsaire.
Peu de temps après, il rencontra l’éclaireur.
- Salut Derren ! dit-il.
- Salut Bremmen !
- J’ai noté la position de chaque groupe de Cutes sur ma carte ! Je pense que vous serez heureux d’y jeter un oeil.
- Hé bien... le problème jeune homin, c’est que c’est impossible. Tu n’as travaillé qu’un petit nombre de jours, et les Cutes se déplacent avec les saisons... Reviens dans un an, répondit Derren avec un large sourire.
- Comment ça ? Vous plaisantez ?!
- En effet ! dit-il en explosant de rire. Allons, donne-moi ta carte, je vais ajouter tes informations à celles que j’ai déjà récupérées.
Derren prit la carte et se mit à la regarder.
- Les Cutes n’étaient pas simples à observer, dit Bremmen. Ils n’ont pas cessé de m’attaquer dès que je me rapprochais un peu trop. J’en ai même vu un énorme, qui avait l’air de mieux se porter que les autres. J’ai pensé un instant qu’il avait peut-être un comportement d’homin... mais il m’a attaqué comme les autres...
- Oh, bah tu as rencontré Doren. Peu importe, ce qu’il faut savoir c’est que les Cutes ne t’attaqueront que si tu les dérange. En fait, ces créatures sont assez placides mais se sentent menacées dès que quelqu’un pénètre sur leur territoire de chasse... Il suffisait de les observer de loin. Mais si tu veux vraiment parler à des Cutes évolués, va voir les Cuzans.
- Les Cuzans ? De quoi s’agit-il ?
- Ce sont des Cutes supérieurs. Ce sera ta prochaine mission : tu devras te rendre dans leur tribu, et revenir me dire de quoi ils se nourrissent.
- Et où se trouvent-ils ?
- Dans les Lagons de la Loria.
- Hein ? Les Lagons ? Mais...
- Bonne chance. Et fais attention à toi là bas, la région n’est pas aussi sûre que les Vents du Songe.
Bremmen resta sidéré quelques secondes, mais releva le défi. Il prit la direction des Lagons de Loria en quittant l’éclaireur.


Dernière édition par le Ven 18 Jan - 13:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Chroniques d'Atys] Nouvelle   [Chroniques d'Atys] Nouvelle Icon_minitimeVen 18 Jan - 13:30

Une étrange boisson.
Lydix Deps, le tenancier, et une jolie Fyros vêtue de rouge bavardaient tranquillement mais avec passion. Plusieurs sacs se trouvaient sur le sol autour de l’homine, desquels dépassaient des tubes en peaux de yubos. Celle-ci tenait une tasse en bois dans sa main droite, et la remplissait d’un liquide brunâtre qui se trouvait dans l’un des tubes.
« Ceci, mon ami, est la Marquisette d’Anichio. » dit-elle en lui tendant la tasse à moitié remplie. « Une spécialité trykere venant de quelque part dans les Lacs. »
Lydix saisit la tasse et huma la boisson. Son front se plissa légèrement. « Hmm… Je sens une odeur de miel, d’herbes, et d’autre chose… ». Il sirota doucement le liquide et le laissa tourner autour de sa langue. L’homine le regarda attentivement tandis qu’il goûtait le breuvage…
« C’est intéressant. Je relève là des senteurs chaudes et douces, assez agréables d’ailleurs. Néanmoins, dites-moi d’où cela vient, je n’en avais jamais entendu parler. La Marquisette d’Anichio, vous dites ? »
D’un petit geste irrité la Fyros lissa sa chevelure ardente et sauvage, et un imperceptible sourire se forma au coin de ses lèvres.
« Je suis ravie que vous l’appréciez. Quelle quantité désirez-vous vous procurer ? »
« Seriez-vous en train d’éviter ma question ? »
« Je n’évite rien du tout. » s’indigna l’homine. « Je suis simplement ravie de constater que vous appréciez cette boisson, et suis absolument sûre que vos clients l’aimeront aussi. Alors, combien voulez-vous m’en acheter ? »
Elle se pencha vers l’un des sacs remplis de tubes de Marquisette, le saisit et le reposa sur le comptoir en grognant légèrement à cause de l’effort. Les yeux de Lydix se posèrent un instant sur la silhouette élancée de la Fyros, mais il évita de croiser son regard. Il connaissait bien les méthodes de vente des homines et ne voulait pas se laisser distraire.
Sur un ton un peu sec, il demanda à nouveau :
« Dites-moi seulement où et comment c’est fabriqué. Il pourrait bien y avoir dedans des ingrédients déplaisants, aussi tant que vous ne m’aurez pas tout raconté je ne vous achèterai rien. Vous pourrez vous masser les cheveux avec si ça vous chante. »
Surprise par les paroles du barman, la Fyros lui jeta un regard glacial.
« Comment ? »
Mais elle se contrôla à temps et murmura :
« Quelle suggestion amusante ; c’est là l’un des charmes de cette boisson. »
C’est Lydix qui fut à son tour surpris.
« Comment cela ? »
En poussant un petit soupir, la Fyros en rouge s’avança sur le comptoir pour chuchoter quelques mots dans l’oreille de Lydix. Une fois encore, il s’en fallu de peu qu’il tombe sous le charme… et sa Rylonyx rouge n’y était pas pour rien…
« Cette boisson a sa propre petite histoire. Je peux vous la raconter, mais vous feriez mieux d’éviter que vos clients ne l’entendent. »
« Allez-y, parlez. » dit Lydix péniblement.
« Il y avait, il fut un temps, un Matis qui était le capitaine des Contrebandiers dans nos Lacs. Il se nommait Piro Anichio, et était le grand-père du chef actuel. On raconte que malgré sa vanité naturelle, chose habituelle après tout pour un Matis, il était un excellent commerçant ; c’est d’ailleurs grâce à ce don qu’il était devenu chef des Contrebandiers. Sa famille avait disparu pendant les temps sombres du Grand Essaim. Une horde de Kitins frénétiques s’était abattue sur leurs champs. Il fut alors contraint de devenir un bandit pour survivre. Mais il s’était habitué à un meilleur niveau de vie, et n’avait jamais oublié sa vanité ; ce qui l’obsédait par-dessus tout était sa chevelure et sa présentation. Il possédait un baume particulier, dont la recette lui avait été transmise par sa grand-mère, avec lequel il se massait les cheveux pour leur apporter l’éclat dont il était si fier. Et bien que
ses troupes se soient souvent moquées de lui dans son dos, elles lui restaient fidèles du fait qu’il était un chef juste et honnête.
Un jour, dans les Lacs, tandis que le soleil rendait brûlantes les plages qui entouraient la cachette des bandits, Anichio décida de se reposer sous les rayons ardents, et d’appliquer sa lotion à base de miel, d’herbes spéciales, de graisses animales et d’eau issue d’une source cachée sur les terres de sa famille. »
Le visage de Lydix changea.
« Quand il fit un pas vers la lumière cuisante du soleil, les insectes ne mirent pas beaucoup de temps avant d’arriver. Il en écrasa quelques uns ; il était après tout habitué à cet effet secondaire les jours les plus chauds. Mais peu de temps après, il eut l’infortune de passer à côté d’un essaim d’abeilles dissimulé dans les buissons près de leur repère. Vous pouvez vous imaginer que les abeilles étaient assez occupées en ce jour si chaud, et qu’elles virent en Anichio qui se promenait autour de leur maison, avec son odeur alléchante, une exquise gâterie. »
Lydix sourit.
« Alors, sous les éclats de rire de ses troupes, il courut vers sa tente et plongea sa tête dans un baril d’eau qui se trouvait à l’intérieur. Il était si énervé qu’il en maudit sa grand-mère et jeta un petit tonnelet du baume dans le baril et l’y oublia pendant que l’un de ses homins soignait son visage boursouflé. »
Un sourire amusé se dessina sur le visage de Lydix.
« Il y vit une opportunité, et décida de saisir sa chance. Et comme ils le disent, le reste appartient à l’histoire. »
La Fyros se recula à nouveau, et sourit en connaissance de cause à Lydix, qui explosa d’un rire tonitruant en lui tapant l’épaule.
« Bien raconté, jeune Fyros. Et une bonne histoire ! Bien, je vous achète l’ensemble et je vais même vous aider à tout mettre dans la réserve. »
Il se leva, et fit le tour du bar pour ouvrir la porte de derrière, qui menait à la réserve.
« Et oui, vous avez raison. Il vaut mieux ne pas la raconter aux clients. » ajouta-t-il avec un clin d’oeil. Tandis qu’ils portaient les sacs lourdement remplis jusqu’à la réserve, l’écho de leurs rires résonnait à travers les murs en bois.
Un homin curieux pourrait bien avoir la chance de se faufiler dans le bar et peut-être d’y goûter cette fameuse boisson dans l’échantillon abandonné ou dans la tasse à moitié remplie qui se trouvent sur le comptoir. Ce faisant, il pourrait également remarquer l’étiquette en parchemin qui se balance au bout d’une ficelle reliée au bouchon.
Sur celle-ci se trouve un magnifique dessin représentant la silhouette brillante d’un Matis. Un pistolet et un sabre sont attachés à sa ceinture ; il tient un tube très proche de celui qui se trouve dans la pièce, de sa main droite, et un petit tonnelet de la gauche. Ses cheveux sont emmêlés et semblent mouillés, tandis que sa tête est entourée de petits points noirs. Un baril en bois tient lieu d’arrière plan.
D’une écriture uniformément élégante, la légende est inscrite en dessous des pieds de la silhouette :
« Marquisette du Capitaine Anichio. Fabrication traditionnelle à partir d’une recette familiale. »
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